Armement - L’opération Serval au Mali montrent un taux d’usure important des matériels, lié au milieu hostile (photo EMA)
30/09/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Liban, Afghanistan... Y aurait-il une erreur d'appréciation dans le financement des Opex? La Cour des comptes estime, dans un rapport sur le maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels militaires, que la croissance constatée des dépenses de MCO compromet la trajectoire financière 2014-2019 prévue par la loi de programmation militaire.
Dur, dur pour la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Après le pari des recettes exceptionnelles (REX), des exportations du Rafale et des frégates multimissions (FREMM) et enfin des économies financières à réaliser, c'est au tour du maintien en condition opérationnelle (MCO), dont la facture s'envole trop, de peut-être compromettre elle-aussi la trajectoire financière de la LPM. C'est la Cour des comptes qui a levé ce nouveau lièvre dans son rapport "Maintien en condition opérationnelle des matériels militaires : des efforts à poursuivre", publié ce lundi.
Que dit la Cour des comptes ? "La croissance constatée des dépenses de MCO compromet la trajectoire financière 2014-2019 prévue par la loi de programmation militaire". Ni plus, ni moins. Selon les estimations du ministère de la Défense, les dépenses globales de MCO atteindraient de "l'ordre de 6,5 milliards d'euros par an" sur la durée de la LPM, contre 6 milliards en 2012 (15,5 % du budget de la mission défense - 38,8 milliards), dont 3,2 milliard pour le MCO aéronautique. "Les travaux du ministère de la Défense montrent que les besoins en EPM pourraient atteindre 4,10 milliards d'euros en fin de LPM en 2019, soit un écart cumulé potentiel d'environ 3,5 milliards d'euros, en euros courants, entre les ressources et les besoins sur les 6 années de la LPM", expliquent les sages de la rue Cambon.
Pourquoi un tel dépassement ?
Selon la Cour des comptes, "les ressources financières budgétées n'ont pas prévu le financement de la remise à niveau des matériels de retour d'opérations extérieures. Or, 1.400 engins sont rentrés d'Afghanistan et du Liban en 2013, soit l'équivalent des parcs de service permanents de 23 régiments de l'armée de terre". Les opérations extérieures représentent donc une très forte contrainte pour le support des trois armées. Notamment l'engagement de plusieurs opérations simultanément sur plusieurs théâtres constitue une charge lourde pour le MCO. En outre, le retour en métropole des matériels de l'armée de terre montre une usure importante des équipements. Par exemple, les VAB (Véhicules de l'avant blindé) peuvent faire plus de 1.600 km par semaine au Mali (contre une moyenne de 100 km par mois en Afghanistan et de 5.000 km par an en France).
En outre, les dépenses de MCO sont en augmentation rapide ces dernières années. Le rapport conjoint de l'Inspection générale des finances et du contrôle général des armées de septembre 2011 chiffrait à 5,5 milliards d'euros la dépense budgétaire du MCO des trois armées en 2010 et estimait que la poursuite des tendances observées allait aboutir à une hausse de 8,7 % d'ici à 2014 en euros constants, soit un chiffre de 6 milliards d'euros en 2014. Toutefois, ce niveau a déjà été atteint pour l'exercice 2012. Les dépenses portant sur l'entretien programmé du matériel (EPM) sont passées de 2,65 milliards d'euros en 2011 à 2,91 milliards d'euros en 2013, soit une hausse de 10 % sur deux ans.
Le maintien en condition opérationnelle des matériels militaires (PDF, 2,32 MB)
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