16.09.2014 Alain Ruello - LesEchos.fr
Airbus se focalise sur les avions militaires, les satellites et Ariane, et les missiles. Pour le reste - radio sécurisée, électronique ou encore sécurité des frontières - ce sera la vente ou un partenariat. Bernhard Gerwert, le patron d’Airbus Defence & Space, explique pourquoi il tire un trait sur 2 milliards d’activités.
Pour le reste, c’est à dire radio sécurisée professionnelle (PMR), services commerciaux par satellites, ou encore radars sous-marins, ce sera la vente. Au passage, un certain nombre de filiales ou de participations dans des filiales vont changer de main. Parmi elles, on recense Fairchild Controls aux Etats-Unis, Rostock System-Technik, ESG ou Atlas Elektronik en Allemagne, AvDef en France. A ce stade, « nous n’avons pas encore engagé de discussion » avec des repreneurs potentiels, poursuit Bernhard Gerwert.
Numéro un ou deux
La branche équipements électroniques, l’une des quatre qui a émergé du rapprochement de Cassidian, d’Astrium et d’Airbus Military pour donner naissance à Airbus Defence & Space, ainsi que certaines activités de sécurité, contrôle des frontières par exemple, vont bénéficier d’un traitement spécial. Trop critiques, notamment car ses produits se retrouvent dans la plupart des plate-formes militaires ou spatiales conservées, elles ne peuvent pas être cédées d’un bloc. Mais comme elles ne sont pas assez dominantes sur leurs différents segments de marché, le groupe n’a pas jugé possible de les conserver dans son cœur de métier. Il va donc probablement s’appuyer sur des partenaires pour les développer.
Car c’est bien ce critère de la taille critique qui a prévalu pour parvenir à ce grand tamisage en ces temps de baisse des budgets militaires en Europe et de concurrence exacerbée dans le reste du monde. « Pour chaque activité nous voulons être le numéro un mondial, où au moins le numéro deux », explique Bernhard Gerwert. En clair : toute activité qui ne répondait pas à ce critère ou pour laquelle il a été jugé impossible d’y parvenir, sort du groupe. Quitte pour Airbus & Space à tirer un trait sur 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, exception faite des équipements électroniques. Et quitte à supprimer combien de postes ?
Impact social pas chiffré
Sur ce point, Bernhard Gerwert botte en touche. Voulant éviter toute mauvaise interprétation, il met en avant que certaines sociétés appelées à être cédées n’étant pas consolidées, il est difficile de chiffrer l’impact social précis. Réunis ce matin en comité européen, les syndicats, eux, ne devraient pas manquer de sortir leurs calculettes. D’autant que la branche Defence & Space est née dans la douleur puisqu’elle a dû consentir à perdre 13 % de ses effectifs .
Pour ce qui est du calendrier en revanche, les choses sont plus claires : Bernhard Gerwert veut disposer d’une première liste de repreneurs pour les actifs cédés en fin d’année, et aimerait avoir clôturé tout cela mi 2015. Les candidats ne devraient pas manquer.
Hervé Bry, délégué central CFTC de l’ex-Astrium, souligne d’abord que la « vérité éclate » au sujet des services de télécommunications civils, logés principalement dans Vizada, société achetée 673 millions à Apax en août 2011, la plus importante acquisition de l’ex-EADS. « On nous avait promis monts et merveilles, mais on a toujours eu des doutes », réagit-il, d’autant plus que la mariée s’est révélée moins belle que promise... Plus globalement, le syndicat craint que cette logique de recentrage n’appauvrisse la capacité du groupe à innover. Et que sur le plan social, le modèle de la co-entreprise mis en avant par Bernhard Gerwert dans sa lettre aux salariés, comme celle en cours de constitution avec Safran pour Ariane, ne soit défavorable à l’emploi. « Tout ces arbitrages se sont faits sans les syndicats », déplore-t-il.
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