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10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 20:40
Ukraine: l’escalade

 

10 août, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

Le conflit en Ukraine a franchi une nouvelle étape en ce mois d’août, avec le risque  que le conflit ne dégénère en guerre totale. D’un côté Kiev mène une offensive depuis début août pour reprendre la ville de Donetsk, fief des séparatistes pro-russes à l’Est du pays, de l’autre Moscou, en réaction, a massé pas moins de 20 000 soldats et leurs équipements à la frontière orientale, prêts à venir en soutien des pro-russes encerclés. Une escalade qui, outre un drame humanitaire, pourrait bien forcer les occidentaux à s’impliquer d’avantage.

 

Kiev passe à l’offensive

 

Retour en arrière. En mai dernier, les « républiques » de Lougansk et de Donetsk autoproclamaient leur indépendance suite à des référendums contestés. Inacceptable pour les autorités ukrainiennes, amputées d’une partie de leur territoire. Début août, Kiev est passé à l’offensive contre les 12 000 à 14 000 séparatistes pro-russes estimés. Cette offensive s’est traduite par d’intenses bombardements sur Donetsk tandis que l’armée ukrainienne tente d’encercler la ville afin de l’isoler de son soutien russe, en bref, essouffler les séparatistes en les coupant de leurs flux logistiques assurés par les russes. Résultat, les combats se sont intensifiés dans les quartiers périphériques.

 

Il faut dire qu’après de cuisants revers, l’armée ukrainienne s’est, depuis, réorganisée. Cette réorganisation s’est faite grâce aux conseils et à la fournitures de renseignements et d’équipements de pays amis, au premier rang desquels, les Etats-Unis.

 

Operation ATO

 

Kiev a ainsi lancé l’opération ATO (Anti Terrorist Operation), les séparatistes étant qualifiés de terroristes. Aujourd’hui, le conflit est entré dans une phase décisive, les forces en présence se livrant à de violents combats autours de plusieurs points stratégiques. L’opération ATO doit se dérouler simultanément à partir du nord de Lougansk, à l’ouest et au nord de Donetsk, ainsi qu’au sud, le long de l’axe reliant Donetsk à Lougansk, les deux républiques rebelles. Enfin au sud-est, près de la frontière russe, dans les secteurs de Marynivka, Saur Mogila et Dmytrivka, où les Ukrainiens auraient perdu en 24 heures, trois T-64 et plusieurs engins blindés.

 

La situation sur le terrain demeure contrastée. Au nord de Donetsk, malgré les incessants pilonnages des lance-roquettes BM-30 Smerch de 300 mm, BM-27 Uragan de 220 mm et BM-21 Grad de 122 mm, l’armée ukrainienne n’arrive pas à prendre le dessus alors qu’elle a réussie une percée vers le sud. Au centre, à Shahktarsk, les combats se poursuivent au alentours de ce verrou toujours contrôlé par les milices pro-russes. Même chose plus au sud, autour de Marynivka et Saur Mogila, avec plusieurs tentatives de percée menées par des unités blindées-mécanisées ukrainiennes.

 

Malgré cette offensive de grande ampleur, Kiev  n’a toujours pas réussi, à venir à bout de la rébellion dans le Donbass. Une situation qui fragilise les forces armées ukrainiennes mais aussi le gouvernement Porochenko de plus en plus critiqué.

 

Il faut dire aussi que la qualité de l’armée ukrainienne reste nuancée : manque d’effectifs, d’équipements, lacunes opérationnelles, d’encadrements. Certaines unités sont également passées du côté des séparatistes, notamment dans l’Est du pays. C’est pourquoi Kiev favorise des formations paramilitaires comme la nouvelle Garde Nationale, particulièrement sollicitée. Ces formations recrutent dans les mouvements extrémistes, appuyés par des combattants étrangers (espagnols, grecs ou italiens…), ils se distinguent par leur tenue de combat de couleur noir, sont bien armés, équipés et formés pour partie par des instructeurs étrangers (israéliens…).

 

Reste que Kiev en restructurant ses forces, dispose aujourd’hui sur le terrain de 4 000 à 6 000 soldats de la Sukhoputni Viyska, l’armée de terre. Ces unités disposent de blindés T-64 et BMP-1/2, de moyens d’artillerie, de forces spéciales, d’appuis aériens avec les hélicoptères d’attaque Mil Mi-24 et des chasseurs-bombardiers Sukhoi Su-25, dont plusieurs ont été abattus par les milices pro-russes. A noter le déploiement des premiers T-84 Oplot dans le secteur de Lugansk. (relire l’article de FOB ici sur le T-84 Oplot)

 

La Russie prête à intervenir

 

Côté russe, outre les 20 000 soldats massés à la frontière, Moscou à la main haute sur les mouvements séparatistes. Ces derniers sont directement coordonnés par le GRU (service de renseignement militaire), en collaboration avec le SVR (Služba Vvnešnej Razvedki), le service de renseignement extérieur russe. Des éléments militaires russes sont manifestement insérés dans ces mouvements séparatistes, les encadrant et conseillant. La formation séparatiste la plus structurée et la mieux équipée est la Milice populaire du Donbass (MPD), bras armée de la « République populaire de Donetsk », qui compte entre 4 000 et 5 000 hommes.

 

Ces milices armées sont constituées principalement de partisans locaux, auxquels sont venus se joindre des volontaires russes.

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