14.05.2014 journal-aviation.com (Reuters)
Thales et Airbus Group ont prévenu mercredi que de nouvelles coupes budgétaires dans la défense en France auraient des conséquences dévastatrices sur l'emploi et l'innovation, au lendemain des propos du ministre des Finances qui a annoncé qu'un effort serait demandé aux militaires.
Adoptée en décembre, la loi de programmation militaire (LPM) octroie 190 milliards d'euros de crédits sur la période 2014-2019 et acte 7.881 suppressions de postes en 2014.
Michel Sapin, le ministre des Finances, a dit mardi à l'Assemblée nationale que l'armée devrait contribuer à la maîtrise des dépenses publiques.
Il n'a toutefois pas confirmé le montant allant jusqu'à 2,3 milliards d'euros de réduction des crédits militaires d'ici 2017 cité par Les Echos et a démenti la fourchette de "1,5 à 2 milliards d'euros par an pendant 3 à 4 ans", évoquée par le député UMP Xavier Bertrand.
Jean-Bernard Lévy, le PDG de Thales, s'est dit mercredi inquiet, jugeant indispensable le respect "intégral" de la LPM.
Thales, dont l'Etat est le premier actionnaire avec 27% du capital, tire la moitié de son chiffre d'affaires de sa division défense et sécurité.
"Toute remise en cause de la LPM entraînerait des conséquences potentiellement très dommageables (..) sur l'emploi, mais aussi quant à la poursuite de la capacité que nous avons, nous industriels, à maintenir et à développer des technologies de très haut niveau au service de nos forces armées", a-t-il déclaré aux actionnaires du groupe lors de l'assemblée générale annuelle.
Le budget annuel est maintenu à 31,4 milliards d'euros jusqu'en 2016 (1,5% du PIB) et progressera légèrement par la suite. François Hollande s'est engagé à plusieurs reprises à sanctuariser les budgets prévus par la LPM.
DÉJÀ DES COUPES DANS LES EFFECTIFS
Le Premier ministre, Manuel Valls, a démenti ce week-end l'existence d'un plan d'austérité spécifique qui viserait la défense tout en confirmant que tous les ministères participeraient à la réduction des déficits.
"Nous sommes vulnérables à l'évolution du budget de la défense", a observé de son côté lors d'une conférence de presse François Auque, responsable de l'activité spatiale dans le pôle Airbus Defence & Space constitué le 1er janvier.
Airbus Group est d'autant plus attentif à l'évolution qu'il négocie en ce moment avec la Direction générale de l'armement (DGA) la vente à la France de 12 avions-ravitailleurs dont il espère la conclusion cette année. Mais aucun décalage de cette commande n'est pour l'instant à l'ordre du jour, a précisé Jean-Marc Nasr, patron de la région Europe, Moyen-Orient, Afrique chez Airbus Defense et Espace d'Airbus Group.
Au sein de l'ex-EADS, les coupes dans les budgets de la défense en Europe ont déjà entraîné un plan de réduction d'effectifs portant sur un total de 5.800 postes, dont 5.300 dans la seule division défense et espace.
En France, le groupe envisage de supprimer 1.700 postes, sur un total de 52.000. Là encore, le pôle défense et espace, qui emploie 11.000 personnes, supportera l'essentiel des réductions d'effectifs, avec 1.400 suppressions de postes envisagées.
Ce chiffre pourrait toutefois être ramené à 1.100, selon les syndicats, mais les emplois ainsi sauvés le seront uniquement dans la division spatiale, a précisé Jean-Marc Nasr, sans confirmer cette estimation.
Pour contrer les vagues d'austérité en France, les industriels comptent cependant sur les contrats à l'export, comme chez Thales où Jean-Bernard Lévy en a fait une priorité depuis son arrivée fin 2012, ou chez Airbus Group, qui espère vendre son avion-ravitailleur notamment à la Corée du Sud. (Edité par Matthieu Protard)