01.10.2013 Helen Chachaty à Séville et Orléans - journal-aviation.com
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Les officiels semblaient s’être donné le mot à Séville et à Orléans le 30 septembre, ne tarissant pas d’éloges lors des cérémonies célébrant l’arrivée officielle (l’avion ayant déjà été livré le 1er août à la DGA et le 2 août à l’armée de l’air) de l’A400M d’Airbus Military au sein des forces aériennes françaises.
« Je voudrais saluer la démarche européenne qui a rendu possible l’A400M. Avec la livraison se concrétise une réussite politique, celle de la mise en place d’une coopération européenne qui a rassemblé sept pays » a déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à Séville, ajoutant ensuite que « cette réussite confirme que nous n’appelons pas seulement de nos vœux l’Europe de la Défense, mais que nous la construisons par des actes, par des projets, qui peuvent peut-être prendre du temps mais dont la réussite est manifeste et permet d’aborder avec optimisme les enjeux de demain ».
Même son de cloche chez Airbus Military. Son CEO Domingo Ureña-Raso a affirmé que la cérémonie espagnole célébrait la « consolidation d’un grand défi », mais aussi la célébration de ce que l’Europe était capable de réaliser lorsque les nations travaillaient en coopération. « Seul, aucun pays n’aurait pu le faire. Avec l’A400M, nous jouons en première ligue dans la Défense. »
Le directeur adjoint de l’OCCAR, Eric Huybrechts encensait également la coopération européenne : « Il y a de l’espoir pour que la coopération en Europe se renforce et soit le moyen le plus rentable de combler des lacunes capacitaires avec des équipements de premier plan. C’est une nouvelle ère de la coopération dans le domaine de l’aviation militaire. […] Le programme A400M démontre clairement ce que peut réaliser la coopération européenne. »
Le prince Felipe des Asturies a lui aussi déclaré que ce programme était une réussite, qui « contribue à construire une Europe forte avec une influence internationale réelle et crédible ». Il a décrit l’A400M comme un « magnifique produit de la coopération européenne ».
Des propos très élogieux et optimistes, de mise pour ce genre de cérémonie officielle, mais qui laissent de côté les difficultés passées du programme. Celles-ci ont toutefois été relevées par le CEO d’EADS Tom Enders, qui, comme à son habitude, a osé le franc-parler. Après avoir parlé d’une journée placée sous le signe de la « fierté » et de la « joie », Tom Enders a salué le soutien « personnel » du roi Juan Carlos « même dans les heures les plus sombres du programme en 2009 et en 2010 ». Le PDG du groupe européen d’aéronautique et de Défense a décrit les dix années passées du programme A400M comme n’étant « certainement pas une balade dans un parc », ni pour les industriels, ni pour les clients.
Il ne s’est pas étendu sur les difficultés connues de tous, mais a lancé quelques pistes sur les leçons à retenir de la « saga A400M » : « Les industriels, les politiques et les leaders militaires devront éviter de répéter les erreurs que nous avons faites pour l’A400M : des délais irréalistes et des fonds insuffisants dès les débuts du programme, des exigences qui parfois vont au-delà des capacités physiques ». Le grand patron d’EADS a également mis l’accent sur la nécessité de constituer une autorité européenne de certification militaire, qui serait le pendant de l’AESA pour l’aéronautique civile. Enfin, il a émis le souhait que ces problématiques soient évoquées lors du prochain Conseil européen de décembre 2013, consacré aux questions de Défense.
Un point de vue partagé par Arnaud Danjean, président de la sous-commission « sécurité et défense » du Parlement européen, qui a salué la franchise du PDG : « Il a eu le mérite de faire un discours qui pose les enjeux pour le futur ». L’eurodéputé affirme lui aussi que l’A400M « reste un succès, malgré les aléas », inhérents à tout programme ambitieux. Il renchérit sur les paroles prononcées par Tom Enders un peu plus tôt, assurant lui aussi qu’il faut « rationaliser les prises de décision, envisager un maître d’œuvre unique pour tout programme à dimension européenne ».
Revenant sur le passé, Arnaud Danjean analyse les difficultés du programme A400M : « Il y a eu beaucoup de perte de temps au début et trop d’ambition sur les délais par exemple, mais c’était surtout lié à la volonté politique. » Il salue toutefois cette première livraison, assurant que la France pouvait « se satisfaire d’avoir un si bel avion » et qu’il ne fallait pas s’attarder sur le passé : « c’est l’avenir qui est important, il faut apprendre de ses erreurs », rejoignant ainsi le discours de Tom Enders sur les écueils à éviter pour les futurs programmes européens.
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