Les Américains tiennent un comptabilité précise de leurs bombardements. Ici une marque de victoire sur un bulldozer (!) inscrite sur un F-16 de l’US Air Force.
3 septembre, 2014 Frédéric Lert (FOB)
Etre le 8 et le 29 août dernier, après trois semaines de bombardement en Irak et une centaine de missions conduites contre les forces de l’Etat Islamique, les Américains ont détruit un total de 85 véhicules. Si l’on en croit la compilation faite des annonces du Pentagone, on trouverait dans ce total 19 Humvee, 43 « véhicules armés » (sans doute des pick up), un canon d’artillerie, un MRAP, un char etc.
Le tout pour un coût moyen de 7,5 millions de dollars par jour selon un porte parole du Pentagone. Ce chiffre est toutefois une moyenne prenant en compte les opérations d’assistance militaire qui durent depuis le mois de juin. Cette moyenne reflète donc mal l’engagement aérien existant depuis le 8 août, au lendemain de l’autorisation donnée par le président Obama de bombarder des objectifs en territoire irakien. Pour les deux tiers, ces bombardements ont eu lieu dans la région de Mossoul et de son barrage, dont le contrôle est essentiel à l’irrigation et à la fourniture d’électricité dans le pays.
Les chiffres donnés par le Pentagone font une fois de plus apparaître le coût direct disproportionné entre la mise en œuvre d’un porte-avions, d’avions de combat et de munitions sophistiquées, pour in fine compter des victoires remportées sur des pick-up coûtant dix fois moins que la bombe utilisée pour les détruire. La question n’est pas vraiment nouvelle : elle correspond bien aux contraintes nées des guerres dites « asymétriques » et aux limites de l’exercice consistant à combattre des mouvements révolutionnaires ou terroristes avec des bombes. Dans un conflit conventionnel, l’idée de détruire un char ou un avion de combat avec un missile est séduisante d’un point de vue économique : la munition coûte cent fois moins cher que sa cible. La proportion s’inverse dans les conflits que l’on connaît depuis la fin de la Guerre Froide, ce qui implique que le déroulement des opérations se juge également et plus que jamais d’un point de vue comptable. La seule façon de faire passer la pilule auprès des contribuables serait de présenter des résultats opérationnels à la hauteur des dépenses engagées, ce qui n’est jamais certain…
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