26.09.2013 Romain Guillot journal-aviation.com
Tom Enders, président exécutif d'EADS, a profité d’une conférence organisée par l'European American Press Club à Paris le 26 septembre pour exposer sa vision sur l’avenir des relations transatlantiques dans le secteur aéronautique et spatial.
Dans le secteur de l’aéronautique civil tout d’abord, Tom Enders a voulu rappeler que 40% de la valeur d’un Airbus provenait de fournisseurs américains, exactement la même part que pour un Dreamliner de son concurrent historique Boeing, pointant du doigt les titres de presse qui résument souvent le secteur à une simple bataille « Airbus vs Boeing ». Le secteur civil représente 80% du chiffre d'affaires d'EADS aujourd’hui.
Le backlog d'Airbus est par ailleurs constitué à 27% par des commandes émanant des États-Unis et le pays continuera à être le principal acteur du secteur dans les vingt prochaines années, avant d’être rattrapé par l’Empire du Milieu. Tom Enders a également souligné que la future ligne d’assemblage final d’A320 de Mobile (Alabama), dont le chantier a commencé en août dernier, est un bon exemple de coopération transatlantique dans l’industrie aéronautique.
Cette FAL, la seconde implantée hors d’Europe après celle de Tianjin, « sera plus compétitive » que celles présentes à Toulouse et à Hambourg, même si Tom Enders n’a pas voulu avancer de chiffre. « Une ligne d’assemblage n’est pas qu’une question de coût de main-d’œuvre et le tissu de fournisseurs qui se développera progressivement autour améliorera encore sa rentabilité avec le temps » a-t-il souligné, ajoutant que « l’aéronautique n’était pas une industrie low-cost ».
Le président exécutif d'EADS s’est également montré relativement optimiste sur le projet d'accord de libre-échange entre l'Europe et les États-Unis, qui devraient d’abord bénéficier aux clients finaux (opérateurs), mais qui pourrait aussi être la source de consolidations du secteur au niveau transatlantique dans l’hypothèse ou les règles d’investissements dans les entreprises américaines seraient amener à évoluer pour être moins restrictives.
Tom Enders s’est cependant montré beaucoup plus sceptique dans le secteur de la défense, les USA et l’Europe ne partageant pas les mêmes intérêts géostratégiques. Par ailleurs, l’existence d’une diplomatie, voire d’une politique de défense européenne, ne lui a jamais semblé « aussi lointaine depuis 20 ans », une vision illustrée par les conflits en Libye, au Mali ou par la crise syrienne.
Une autre problématique qui concerne l’Europe est le manque de concertation et de discernement en termes de recherche, « les projets se chevauchant souvent ». Selon lui, l’Europe, et la France en particulier, sont encore des marchés trop fragmentés et des consolidations sont inévitables.
Concernant spécifiquement la participation d’EADS dans Dassault Aviation (46%), Tom Enders a jugé qu’il s’agissait d’un bon investissement, mais qu’il n’était pas stratégique, se gardant d’annoncer une quelconque intention de désengagement dans le futur. « Nous nous occuperons de cette question quand le moment sera venu, mais il n'y a aucune urgence pour l’instant ».
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