15.10.2013 par P. CHAPLEAU - Lignes de Défense
Petite phrase de l'amiral Guillaud devant les élus de la République, le 3 octobre: "le PLF prévoit en effet 50 millions d’euros de cessions de matériels. Plusieurs projets sont à l’étude, dont la vente du transport de chalands de débarquement (TCD) Siroco et d’hélicoptères Tigre" (cliquer ici pour accéder au texte de son audition).
Ventes de matériels donc, mais pas d'antiques Marmon ou des VAB essoufflés: non, des Tigre! Remettons tout ça dans le contexte pour tenter d'y voir plus clair.
1) Le projet de loi de finances (cliquer ici pour y accéder) détaille les ressources exceptionnelles:
"S'agissant des recettes exceptionnelles, celles-ci sont constituées :
- du produit de cession d'emprises immobilières utilisées par le ministère de la défense, évalué au moins à 660 millions d'euros sur la période 2014-2016 ;
- des redevances versées par les opérateurs privés au titre des cessions de fréquences déjà réalisées lors de la précédente loi de programmation pour environ 220 millions d'euros ;
- du programme d'investissements d'avenir (PIA) au bénéfice de l'excellence technologique de l'industrie de défense pour 1,5 milliard d'euros en 2014 ;
- du produit de cession de la bande de fréquences des 700 MHz, qui n'est pas chiffré dans la loi mais dont on peut s'attendre à ce qu'il s'élève à plus de 3 milliards d'euros ;
- et, « le cas échéant », selon les mots du projet de loi, du produit de cession de participations publiques."
2) Les cessions de matériels constitueront une infime contribution aux ressources exceptionnelles mais elles auront un impact plus significatif en termes de coûts (prohibitifs) de fonctionnement (mais aussi bien sûr de capacité opérationnelles déjà réduites par des commandes elles aussi déjà réduites). Par ailleurs, le CEM n'a pas précisé le nombre de machines à brader. Trop, trop peu? La vingtaine de HAP bientôt en parc?
3) Le problème, ce sera de trouver des acheteurs. Le Siroco pourrait, lui, prendre la route de l'Amérique du Sud. Quant aux Tigre... Ils risquent de passer bien du temps à Châteaudun (où une centaine d'emplois vont être supprimés), sous cocon. On pourrait aussi vendre les Leclerc qui dorment sur plusieurs sites. Mais l'affaire s'annonce encore plus compliquée. Qui voudra de nos Tigre (mon confrère Jean-Marc Tanguy avait parlé de la Malaisie) et de nos Leclerc dont les coûts de MCO et de vol/roulage sont exorbitants?
4) Par ailleurs, sur le grand marché de l'armement d'occasion, il va y avoir abondance de produits. Les Espagnols pensent revendre certains de leurs A400. Les Hollandais se séparent du navire de soutien Karel-Doorman et d'une partie de leur blindés CV90, dans le cadre d'une coupe budgétaire de 348 millions d'euros. Les Canadiens qui parlent de réduire leurs effectifs de 20% réfléchissent au devenir des surplus. L'Autriche a mis en vente 750 blindés, des camions, des canons etc, pas d'une première jeunesses certes mais rustiques et bon marché.
Moralité: grignoter 50 millions d'euros, c'est à la fois peu et beaucoup. Mais tant que le moral est au beau fixe, pas question de stopper la grande braderie.
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