26.10.2013 Christophe Lamfalussy et Christian Laporte - lalibre.be
Le chef de la Défense nationale souligne l'éclectisme de son armée, présente sur bien des terrains.
Un an après son entrée en fonction, le chef de la Défense, le général Gérard Van Caelenberge avait prévu de faire le point avec la presse spécialisée. Le rendez-vous était programmé en juillet mais la passation de pouvoir royale l’a reporté à cette fin octobre.
Qu’à cela ne tienne : le bilan mais aussi les perspectives de la Défense pour l’année à venir tiennent clairement compte de l’agenda politique. On est au début de la dernière session parlementaire de la législature, soit à un moment où le gouvernement sortant ne prendra plus vraiment de décisions qui engageront celui qui sortira des urnes en mai 2014. Il a donc surtout été question des opérations en cours ou en voie de finition.
Afghanistan. La fin de la présence militaire belge s’y profile. Et donc d’un désengagement progressif aussi de Mazar-i-Sharif (60 hommes sur place) et de Kandahar (une centaine). Parmi les principales missions de l’heure, il y a la sécurisation de la base de Kandahar. On sait que l’Otan a prévu un nouveau programme d’assistance (Training Advice Assistance) sur place dont la Belgique devrait être logiquement partie prenante. Rien n’est décidé mais cela se situerait dans le Nord, en appui des Allemands.
Liban. Actuellement, le Génie y participe au marquage des frontières avec Israël.
Syrie. Forte de son expertise qui remonte à la guerre de 1914-1918, l’armée pourrait contribuer à la destruction de l’arsenal chimique. Concrètement, il s’agirait d’inventorier ces armes afin de les neutraliser. L’aide consisterait à faire bénéficier des connaissances technologiques de nos labos mais aussi de l’action du DOVO qui aujourd’hui encore désamorce des obus sur le front de l’Yser.
Toujours en Afrique
Congo et Burundi. L’armée s’y concentre surtout sur la formation de cadres et de troupes congolaises, ce qui permet dans la foulée d’améliorer les conditions de vie locales. "Nous y soutenons des petits projets mais qui sont très utiles pour former, par exemple, des maçons, des forgerons, des menuisiers. En même temps, on contribue à la formation d’unités de réaction rapide."
La Défense y travaille aussi avec les Affaires étrangères et la Coopération au développement, ce qui permet de construire des lieux de vie plus agréables. "Cela permet de former de bons soldats et des hommes loyaux tout en gardant encore un œil sur le Kivu."
Toujours au Congo, une compagnie du 3e bataillon para de Tielen se rendra dans la région de Kindu pour s’entraîner et participer à l’exercice de certification d’un bataillon d’élite congolais formé par des instructeurs belges.
Piraterie. La Belgique reste très active dans le projet Atalante "mais la vraie solution est sans doute en Somalie où le gou vernement doit assurer la sécurité de sa population" . Le général Van Caelenberge insiste aussi sur le fait que la piraterie touche la côte Ouest où l’on forme des gardes-côtes locaux.
Avions de combat et effectifs
Etudes en cours. Les politiques qui ont réagi au quart de tour lorsque Pieter De Crem a évoqué l’après-F-16 ont été rapides en besogne… Comme l’a précisé le chef de la Défense, le gouvernement a demandé à la Défense de lancer des études préalables en vue d’un remplacement se situant au plus tôt après 2020, lorsque les F-16 actuels auront atteint le bout de leur potentiel.
Le chef de la Défense pense que la Belgique se dotera d’un nouvel avion de combat "multirôle" pour remplacer les F-16 après cinquante ans de carrière. "Nous voulons rester dans ce créneau, une force aérienne qui n’en dispose pas n’est pas une force aérienne" , a-t-il commenté.
Il va de soi que l’on devra aussi intégrer la donne européenne et la coopération militaire future. Et également tenir compte de toutes les retombées économiques et sociales. C’est ce qui explique que tout aviateur qu’il soit, le chef de la Défense n’exprimera certainement pas de préférence, s’efforçant plutôt d’aligner les avantages et les désavantages de tous les candidats potentiels.
Nouveau statut. La question de la limitation des effectifs à 32 000 (30 000 militaires, 2 000 civils) a aussi été abordée : l’introduction de la carrière militaire limitée doit permettre une nouvelle dynamique dans la gestion du personnel, mais aussi de reconstruire une pyramide des âges qui puisse compenser le départ du grand nombre d’engagés pendant la Guerre froide arrivant en bout de parcours.