Après le refus de l’Albanie, l'OIAC envisagerait maintenant une destruction en pleine mer.
21 novembre 2013 Par RFI
Comment détruire les armes chimiques syriennes et surtout comment trouver un pays qui acceptera d'assurer sur son territoire la destruction de ces armes, un arsenal de plus de 1 000 tonnes ? C'est le problème, terriblement difficile à régler, auquel sont confrontées les grandes puissances qui veulent se débarrasser du stock syrien. Pour l'instant, tous les pays contactés, c'est le cas de l'Albanie, de la Belgique ou encore de la Norvège, ont refusé de réaliser - ou d'héberger - ces opérations de destruction. Du coup, une autre solution émerge : celle d'une destruction en mer, sur des installations spécialement prévues à cet effet.
Le conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a adopté vendredi à La Haye une feuille de route sur la destruction de l'arsenal chimique syrien d'ici à la mi-2014, comprenant un plan détaillant les méthodes possibles de destruction de ces armes, hors de la Syrie, sur terre ou en mer. Ce plan doit être approuvé avant le 17 décembre.
Christian Chartier, porte-parole de l’OIAC nuance: « Il faut imaginer, et vraiment il faut le faire sous réserve de détails qui seront finalisés dans les jours et les semaines qui viennent, la création en mer d’une plateforme, que certains appellent barge, qui pourrait ressembler à un cargo, une espèce de plateforme flottante sur laquelle seront équipées des unités mobiles de destruction des armes chimiques. »
Edi Rama, Le Premier ministre albanais
« Il y a un point qui m'a fait réfléchir lors des discussions avec nos partenaires: l'impossibilité de respecter les délais.(...) Il est impossible pour l'Albanie de s'impliquer dans cette opération. »
La destruction en mer, une possibilité comme une autre selon l'OIAC
Alors, est-ce finalement un aveu d'échec ? Une façon de reconnaître que l'OIAC ne trouve pas de pays qui acceptent la destruction des armes chimiques syriennes sur leur territoire.
Pour le porte-parole de l'OIAC, cela ne veut pas dire que la piste de la destruction au sol est abandonnée. « Nous disons simplement que la possibilité de détruire en mer était l’une des options sur la table. Il y en a d’autres. »
Une première et un certain nombre de problèmes liés au confinement dans un bateau
Pour autant, l'idée serait de transformer un bateau en véritable centrale de destruction de composants chimiques. Mais les experts ne sont pas vraiment confiants, les risques sont importants, d'autant qu'il s'agirait d'une première mondiale. Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques à la Fondation de recherche et stratégie parle d'une piste « un peu surprenante, voire même cocasse ». Il pointe les problèmes « liés au confinement dans un espace en mer, c’est-à-dire dans un bateau ». Selon le spécialiste, circonspect, cette propsition « signe le désarroi dans lequel est un petit peu l’organisation aujourd’hui puisqu’elle se demande comment et où elle va détruire l’arsenal chimique syrien. Et cela renforce un peu mes craintes qui consistent à penser que cet arsenal chimique syrien ne sera probablement pas détruit à l’horizon du premier semestre 2014, mais qu’il faudra probablement beaucoup plus de temps.»
►Deux techniques pour détruire les armes chimiques
Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques à la Fondation de recherche et stratégie revient sur les deux techniques principales pour détruire les rames chimiques : « La première, c’est l’incinération c’est-à-dire la destruction à haute température des agents chimiques militaires dans un four construit à cette intention. Puis l’autre technique, qui est un moyen plus chimique, consiste à hydrolyser les agents, c’est-à-dire à les mélanger à différents produits avec de l’eau et à des températures également élevées dans un réacteur chimique, et donc de dégrader puis de détruire ces agents. Evidemment il est beaucoup plus compliqué de détruire des agents chimiques militaires qui ont déjà été chargés dans un système d’arme c’est-à-dire dans un obus, dans une roquette ou dans un missile parce qu’il faut d’abord prélever l’agent chimique dans l’obus, dans la roquette ou le missile, pour pouvoir le détruire. Donc au global, ce qu’il faut retenir c’est que c’est un processus qui est délicat techniquement, qui est très coûteux et qui nécessite la construction d’une infrastructure relativement importante.»