Paris réfléchit à lancer le Rafale dans la compétition contre le Typhoon à Bahreïn
28/11/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Cinquième volet de notre série sur la diplomatie de la France au Moyen-Orient, Bahreïn, Koweït et Oman. Trois pays complexes pour les industriels de l'armement français. Toutefois Paris mène une réflexion pour savoir si le Rafale va défier l'Eurofighter Typhoon à Bahreïn.
Et si le Rafale allait défier le Typhoon du consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et Finmeccanica) à Bahreïn. C'est une réflexion menée actuellement par Paris. "Pourquoi ne pas mettre sur la table le Rafale à Bahreïn", s'interroge une source proche du dossier. D'autant que les Britanniques, qui portent les campagnes commerciales de Typhoon au Moyen-Orient, ne se sont pas gênés pour rivaliser avec Dassault Aviation aux Emirats Arabes Unis et au Qatar, des marchés où les avions tricolores sont en service.
"Le Typhoon vaut plus par le dynamisme des Britanniques, qui le présentent, que par la valeur intrinsèque de l'appareil, estime-t-on. Ce serait très bien que l'on enraye le dispositif médiatique britannique autour du Typhoon". Selon nos informations, Bahreïn voudrait 12 nouveaux avions de combat.
Bahreïn, une préférence pour le Typhoon ?
Au mois d'août dernier à l'issue d'une rencontre à Londres entre le roi du Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa, et le Premier ministre, David Cameron, le groupe britannique de défense BAE Systems avait annoncé que le royaume avait "exprimé un intérêt pour le Typhoon et le gouvernement britannique mène des discussions très préliminaires".
Une affaire à suivre mais le roi avait estimé en novembre 2009, selon un câble diplomatique diffusé sur le site internet de WikiLeaks, que le Rafale était une "technologie du passé". Peut-être s'était-il trop vite avancé car un mois plus tard le Rafale avait fait jeu égal en 2009 avec le Raptor F-22 lors de l'exercice ATLC (Advanced Tactical Leadership Course) de décembre aux Emirats Arabes Unis.
Le Koweït pourra-t-il s'offrir le Rafale ?
Au Koweït, il y a toujours un appel d'offre en cours pour l'achat de 28 avions de combat. Mais ce pays pourra-t-il résister à la pression américaine et s'offrir la technologie française ? Pas sûr. "Les Américains sont très présents au Koweït, explique-t-on à "La Tribune". Possible qu'il nous barre la route". C'est en juin 2009 que l'on commence à parler du Rafale au Koweït à l'occasion d'un passage rapide dans ce pays de Nicolas Sarkozy. L'achat éventuel de ces appareils fait l'objet de "discussions très approfondies" et "assez avancées", avait souligné l'ancien président. "On s'est mis comme échéance la fin de l'année". A ce jour, le Koweït ne s'est toujours pas décidé entre le Rafale, le Typhoon et le F/A-18E/F de Boeing.
Puis, en octobre 2009, le ministre koweïtien de la Défense et vice-Premier ministre avait indiqué lors d'une visite à Paris que son pays serait "fier" d'avoir du Rafale dans ses armées. "Nous espérons voir une offre (française) bientôt à ce sujet", avait-il expliqué, précisant qu'elle "sera étudiée très sérieusement et de façon très claire par l'armée de l'air koweïtienne". Dans l'entourage du ministre de la Défense d'alors Hervé Morin, on évoquait alors 36 appareils.
Pragmatique, la France vise au Koweït des contrats plus modestes. Avec un objectif prioritaire de terminer au plus vite un contrat qualifié de "pénible" à Paris, la rénovation de huit patrouilleurs P37 par le groupe étatique DCI. Enfin, Nexter qui s'est positionné sur un programme d'achat d'une centaine de véhicules blindés, propose le VBCI et DCNS des corvettes Gowind dans deux ou trois ans.
La France tente de maintenir quelques positions à Oman
A Oman, forteresse britannique, les Français ont connu quelques succès, notamment le missilier MBDA, qui a placé ses missiles surface-air VL Mica. Malheureusement, le sultanat va acquérir le système de défense aérienne américain de Raytheon SLAMRAAM pour un montant de 2,1 milliard de dollars (1,6 milliard d'euros). Oman était pourtant sur le point de choisir le missilier européen mais a dû changer son fusil d'épaule sous la pression de l'administration américaine. "Le contrat avec Oman, que nous avons perdu, s'élevait à un milliard d'euros, soit deux années de notre chiffre d'affaire en France", avait regretté mi-septembre à l'Assemblée nationale, le PDG de MBDA, Antoine Bouvier.
DCNS est également sur les rangs pour prendre des positions commerciales à Oman mais ce marché est extrêmement compétitif. "Beaucoup de concurrence", rappelle-t-on à Paris. Pour autant, le groupe naval a répondu en mars un appel d'offre portant sur l'acquisition d'un navire océanographique et attend fin 2014 pour proposer dans le cadre d'un RFI (Request for information) ses corvettes Gowind. Enfin, Thales est en train de créer à Oman une société de droit omanais.
Lire ou relire l'ensemble de la série La France au Moyen-Orient :
La France au Moyen-Orient (1/5) : quand la diplomatie va, tout va... mieux
La France au Moyen-Orient (2/5) : Paris chasse en Arabie Saoudite le mégacontrat Sawari 3
La France au Moyen-Orient (3/5) : le Qatar premier client du Rafale ?
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