07 décembre 2013 à 21:52 Par Olivier Fourt - RFI
Les forces militaires françaises intervenant en République centrafricaine dans le cadre de l’opération «Sangaris» atteindront 1 600 hommes ce samedi soir, a annoncé François Hollande, le président français. L’Union africaine a pour sa part annoncé que la force multinationale africaine allait passer de 3 500 hommes initialement prévus à 6000. Une montée en puissance de la mobilisation internationale très attendue dans le pays, en proie à d’intenses violences depuis plusieurs jours.
Vols, exécutions, viols : les habitants du quartier Combattant ont durement payé le prix de la crise. Ils le rappelaient, pendant la progression de la patrouille française, ce samedi 7 décembre. On comprend alors la liesse avec laquelle la foule a accueilli la patrouille française.
Une nuée de jeunes qui chantaient a accompagné les militaires. Certains levaient des branchages en signe de paix. Les femmes ont étendu leurs pagnes à terre, sous les pas de la patrouille. Certains ont applaudi. Une femme, une vieille, a levé le poing en signe de soutien.
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La liesse est immédiatement retombée lorsque la patrouille a rejoint la route bitumée où elle a croisé un 4X4 de la Seleka. La nuée de jeunes s’est aussitôt dispersée dans le quartier. Le véhicule Seleka, lui, a fait demi-tour, mais des habitants ont dit leurs craintes de voir les ex-rebelles venir en représailles à la tombée du jour.
De l’enthousiasme, et beaucoup de frustration
A Bangui, on craint que les moyens manquent. Parmi les Banguissois, beaucoup pensaient que l’arrivée de l’armée française allait mettre un terme aux violences, que les Français allaient pouvoir neutraliser les Seleka, les désarmer.
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Mais en l’état actuel des choses, les militaires français n’interviennent que dans des situations que l’on pourrait qualifier de flagrants délits. Ils sont amenés à croiser des porteurs d’armes, qui ont peut-être commis quelque chose, quelques minutes plus tôt, ou qui s’apprêtent à commettre quelque chose, mais ils ne peuvent rien faire. L’autre frustration vient du fait que les attentes, les appels de la population et ce que les effectifs français permettent réellement de faire maintenant.
Après deux jours d’extrême violence, on assiste à une très timide reprise de la vie, en journée, dans les grandes artères de Bangui. Ce samedi matin, quelques personnes discutaient sur les pas-de-porte. Que très rares vendeuses de beignets avaient sorti leurs étals. Mais il n’y avait en revanche aucune voiture, et les commerces avaient baissé le rideau. Le marché combattant était vide.
■ Les forces françaises parties du Cameroun sont arrivées à Bouar, dans l’ouest de la Centrafrique
L'armée française est entrée ce samedi 7 décembre en République centrafricaine.
Les hommes du 1er RHP ont été accueillis triomphalement à Bouar, dans l'ouest du pays. En octobre dernier, la ville a été le théâtre d’affrontements qui ont fait une cinquantaine de morts. Les habitants accusent la Seleka, et craignent la reprise des violences, dès le moment du départ des troupes françaises. Reportage de notre envoyé spécial, Olivier Fourt
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