2 December 2013 Hajnalka Vincze
« L’Europe, ce n’est pas un territoire, pas une nationalité, c’est une volonté.
Est européen seulement celui qui entend être européen. »
(Jean-François Deniau)
La dénommée Politique commune de sécurité et de défense (PSDC) de l’Union européenne célèbre son quinzième anniversaire dans un état d’hibernation profonde, pour reprendre l’expression de l’amiral Guillaud, ancien chef d’état-major des armées. Autrefois le centre de toutes les attentions, le gagnant de tous les concours de popularité, considérée comme à la fois le symbole des ambitions stratégiques de l’Union et le dépositaire de son potentiel énorme, la PSDC est devenue ces dernières années le parent pauvre de la construction européenne. Celui qui met ses faiblesses cruellement en lumière, en même temps qu’il ne ferait que détourner l’attention (et les ressources) de ce qu'il convient d’appeler les « vrais problèmes ».
Ce serait trop facile de faire porter le chapeau à la crise financière et économique pour cette tombée en disgrâce de la PSDC. Surtout, ce serait faux. D’une part, le détournement de la politique de défense de l’UE de son trajet initial avait commencé bien avant l’éclatement de la crise. De l’autre, si ce n’était pour ce même détournement, la PSDC aurait tout pour devenir une partie de la solution aux difficultés actuelles de la construction européenne dans son ensemble. Et une partie cruciale, de surcroît. Une vision stratégique partagée, étayée par des initiatives réelles en matière de défense serait à même de donner à l’Union un formidable élan, à la fois psychologiquement et économiquement.
Le soi-disant « sommet Défense » de l’UE, prévu pour les 19-20 décembre prochain est supposé marquer le point de départ d’une sorte de résurrection de l’Europe de la défense. Ce qui serait fort souhaitable, mais pas n’importe comment. En effet, si c’est pour la relancer sur la piste détournée qu’elle poursuivait avant de tomber dans le coma artificiel, ce n'est pas la peine. Même l’hibernation est une bien meilleure solution et, surtout, moins néfaste. Sans un retour radical aux fondements, la prétendue défense européenne ne pourrait jamais espérer de la devenir réellement un jour, à savoir ayant une dimension véritablement défense et véritablement européenne. Elle ne ferait qu’enlever définitivement l’option à nos Etats de suivre ces deux impératifs au moins à l’échelle nationale.
A suivre. Voir le sommaire.
(Sur la base du papier: Hajnalka Vincze, Pente glissante: vers la réatlantisation de la défense européenne, The Federalist n°2-3, 2013)
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