20 décembre, 2013 Guillaume Belan (FOB)
Livre Blanc, Loi de programmation, réforme de la gouvernance du Ministère de la Défense, tout cela a été enfin adopté. Le Ministère de la Défense va donc profiter du fait que les dossiers difficiles sont maintenant derrière, pour renouveler les équipes, notamment les hauts responsables militaires.
L’actuel chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, nommé en 2010, pourrait ainsi être remplacé en mars 2014. C’est en effet à cette date que l’amiral Alain Oudot de Dainville, ancien chef d’état-major de la Marine jusqu’en 2008, quittera ses fonctions de directeur général d’ODAS, société chargée des contrats d’armement d’état à état (principalement avec l’Arabie Saoudite). L’actuel CEMA souhaiterait en effet prendre la relève de l’amiral Oudot de Dainville, atteint par la limite d’âge, à la tête de cette société dont l’État est le principal actionnaire. La nomination à ce poste, réputé très rémunérateur, est dans les mains l’Élysée. Reste que le cabinet de la Défense, qui n’entretient pas de relations idylliques avec l’amiral Guillaud, pourrait la freiner.
Général Pierre de Villiers (crédits: Ministère de la Défense)
Aujourd’hui, deux noms circulent pour reprendre les rênes de l’état major des armées (EMA). Le premier est son numéro deux, le général Pierre de Villiers, 58 ans, major général des armées à l’état-major des armées depuis 2010. Très apprécié, c’est lui qui dans l’ombre a su gérer les nombreuses crises de ces dernières années. Saint cyrien, cavalier, jeune frère de Philippe de Villiers (le politicien), le général de Villiers a commandé le Regional Command Capital (RCC) en Afghanistan de 2006 à 2007. D’un caractère consensuel et énergique, il a permis, malgré les difficultés, la poursuite du pilotage de l’EMA et a réussi à maintenir le dialogue entre les différentes armées. Considéré comme un chrétien-démocrate, donc modéré, il apparaît ainsi compatible avec le gouvernement socialiste. Ses atouts : une très forte légitimité, à la fois opérationnelle et politique.
Général Mercier, chef d’état major de l’armée de l’air (crédits: Ministère de la Défense)
Le deuxième nom qui circule pour être le prochain CEMA est l’actuel chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), le général Denis Mercier. A 55 ans, Denis Mercier est un ancien pilote de chasse (Mirage F1 et 2000), passé par l’OTAN et par le cabinet du ministre de la défense en 2010. Très apprécié au sein de l’armée de l’air, il a su lancer l’ambitieuse modernisation de l’armée de l’air.
Le monde de la défense se félicite de l’excellente qualité de ces deux candidatures. De Villiers affiche un vrai avantage : c’est lui qui traite depuis trois ans tous les dossiers difficiles. Mercier a pour lui d’être reconnu comme un authentique innovateur. Mais son avantage risque de le desservir : qui pourrait bien lui succéder pour mener à bien la réforme de l’armée de l’air qu’il a si bien su réaliser? Naturellement son numéro deux pourrait prendre sa succession, à savoir le général Antoine Creux. L’autre nom qui circule pour éventuellement succéder à Denis Mercier est celui du général Antoine Noguier, actuellement chef du cabinet militaire du Ministère de la Défense.
Surprise, d’habitude les mouvements à la tête des armées, produisent un jeu de chaises musicales, dont notamment le poste très convoité de chef d’état-major particulier du président de la République (EMP), considéré comme traditionnellement une porte d’entrée pour devenir CEMA. Ce qui a été le cas de l’amiral Guillaud. Le scénario qui semble se profiler va donc bouleverser les habitudes, non seulement, l’EMP actuel, le général Benoît Puga, un fantassin d’origine, ancien directeur de la DRM (Direction du Renseignement Militaire), nommé par Nicolas Sarkozy, ne sera pas le prochain CEMA (à 60 ans, il n’aurait plus le potentiel d’âge pour être CEMA), mais il aurait été, selon nos sources, confirmé à son poste.
Quant au potentiel et éventuel successeur du général de Villiers à l’EMA, un nom circule, celui du vice-amiral d’escadre Mouton, ancien ALFOST (amiral commandant la force océanique stratégique) et actuel numéro 2 du SGDSN.
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