06/12/2013 Samantha Lille
Depuis le 25 novembre, la base 126 de Solenzara en Corse vit au rythme des sorties aériennes incessantes. L’édition 2013 de Serpentex, un exercice interarmées et interallié majeur dédié à l’appui aérien, a donné son tempo. Mirage 2000 et Rafale décollent de jour comme de nuit.
Il est 18h30, le soleil corse a fait place à une belle nuit noire. Deux Mirage 2000 D roulent sur le parking avion. Ils rentrent d’une mission de Close air support ou appui aérien rapproché dont le scénario a été directement inspiré des dernières opérations (Afghanistan, Libye, Mali). Sur le tarmac l’activité a débuté dix heures plus tôt et se terminera aux alentours de 23h. En moyenne, depuis le début de l’exercice la tour de contrôle enregistre 46 sorties d’avions de chasse par jour, dix de plus lorsqu’il y a des vols de nuit.
Reportage photos
Le 4 et 5 décembre, le lieutenant-Général Yvan Blondin, commandant de l’Aviation royale canadienne s’est rendu sur l’île de beauté accompagné du Général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’Air. La rédaction a recueilli leurs premières impressions.
Lieutenant-général Yvan Blondin : « Nous pouvons nous entrainer chez nous mais si l’on ne pas compare nos différentes expériences entre forces armées, nous perdons quelque chose. Un exercice comme celui-ci nous permet de partager des procédures et de vérifier que nos équipements sont compatibles. On s’assure ainsi que même s’il existe des différences entre nous, nous sommes capables de travailler ensemble. La réussite des dernières opérations comme la Libye, réside justement dans cette capacité à agir conjointement, c’est notre force. De plus, venir en Corse implique le déploiement d’une logistique particulière et c’est aussi un domaine à éprouver. Enfin, cette île est un endroit fantastique pour ce type d’exercice entre l’océan et les montagnes, l’environnement dans lequel évoluent les appareils est très varié. »
Général Denis Mercier : « La première chose que l’on attend de Serpentex, c’est ce pourquoi l’exercice est fait : entrainer nos équipages et les contrôleurs aériens avancés (FAC-Forward air controller), de manière à ce qu’ils soient le plus opérationnels possible dans un environnement qui est dense et réaliste. C’est le premier objectif et je pense qu’il est parfaitement rempli. Pendant ces trois semaines, on peut aussi s’attendre à développer de nouvelles doctrines, c’est ce qui est fait en ce moment même et on s’aperçoit que cela marche. Enfin, le dernier enjeu c’est l’intégration entre les différentes armées de l’air et même entre l’armée de l’Air et l’armée de Terre. Car nous testons de nouveaux systèmes et il est important que l’on soit tous ensemble pour le faire. Je pense aux liaisons de données tactiques par exemple, si chacun devait développer ses propres standards dans son coin, on ne pourrait plus être déployé de manière conjointe. Donc là, nous innovons ensemble et tout le monde a envie de progresser. Avec le Canada, nous avons une culture commune et surtout des envies communes. Cela s’est traduit notamment par des échanges d’officiers au niveau des états-majors, la participation régulière de la France à l’exercice aérien Mapple Flag et aujourd’hui, un escadron de F18 est déployé ici, à Solenzara. Et pour finir, le fait d’avoir discuté avec mon homologue, nous a permis d’identifier encore beaucoup de voies de coopération. »
Cette année Serpentex réunit 703 militaires au plus fort de son activité. Présentes aux côtés des Français, huit nations étrangères : Royaume-Uni, Etats-Unis, Espagne, Italie, Belgique, République Tchèque, Slovénie et Canada. Ce dernier pays déploie par ailleurs un dispositif conséquent de quelques 200 personnes et 7 aéronefs dont 6 avions de chasse F18.
La troisième et dernière semaine de l’exercice intégrera des hélicoptères Gazelle de l’aviation légère de l’armée de Terre et des missions d’appui avec des unités de transport tactique. Serpentex 2013 s’achèvera le 13 décembre.
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