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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 12:25
Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis

 

23 décembre 2013 par Pierre Sparaco – Aerobuzz.fr

 

La décision du Brésil de commander trente-six Saab Gripen NG, peut-être beaucoup plus en un deuxième temps, constitue une grande déception pour Dassault Aviation et Boeing, en même temps, un choix lourd de conséquences. Et cela bien que les ultimes épisodes de la compétition aient été pollués par les écoutes de la NSA qui ont fortement écorné l’image des Etats-Unis, en Amérique latine … et ailleurs.

 

Bien entendu, les dirigeants de Dassault, dès le verdict connu, ont souligné que les capacités opérationnelles du Rafale étaient autrement importantes que celle du concurrent suédois. Ce qui est incontestable, un système d’armes polyvalent, biréacteur, très complet, faisant face à un appareil monoréacteur sensiblement plus léger et moins nettement « multirôle ». Les rivaux ne jouaient pas, de ce fait, dans la même catégorie, un constat tout à fait factuel interdisant de procéder à des comparaisons techniques complètes. Ce qui revient à dire que les Brésiliens, toutes considérations politiques et cybernétiques mises à part, ont donné la priorité à d’autres critères, tout comme, notamment les Suisses.

 

Le Gripen, finalement, serait le chasseur de la juste suffisance, capable d’assurer des missions de défense dans des conditions acceptables, mais sans prétendre s’élever au rang des appareils les plus sophistiqués et, de ce fait, les plus coûteux. Et cela malheureusement sans qu’il soit possible à procéder à des comparaisons budgétaires : les trois offres soumises au Brésil étaient foncièrement différentes, le prix « fly away » des avions n’étant qu’un élément parmi d’autres, par exemple en matière de compensations économiques. Dès lors, l’indication selon laquelle le contrat s’élèverait à 4,5 milliards de dollars est sans grande signification.

 

Un tout autre point de repère est instructif, la liste des pays acheteurs du Gripen. Outre la Suède, bien sûr, du Brésil qui prévoit de signer un contrat fin 2014, et de la Suisse qui va demander l’aval de ses électeurs à l’intervention d’une votation, il s’agit de l’Afrique du Sud, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Thaïlande. S’y ajoute un acheteur atypique, l’Empire Test Pilot School britannique. De toute évidence, aucun de ces acheteurs ne remplissait les conditions requises pour accéder au très haut de gamme. Tous pourraient d’ailleurs adopter le leitmotiv du ministre suédois de la Défense, Celso Amorim : « nous sommes un pays pacifique mais qui ne veut pas rester sans Défense  ».

 

La manière de faire suédoise repose sur une grande économie de moyens. Longtemps, c’est une quasi autarcie militaire qui a été privilégiée, Saab affirmant au fil des années sa capacité à développer seul des appareils très performants. En revanche, le coût d’étude de moteurs adéquats s’étant avéré dissuasif, Volvo Flymotor a choisi de travailler étroitement avec General Electric, au départ d’une valeur sûre, le F404. Ainsi, la Suède a pu entretenir sa sacro-sainte neutralité et s’en est bien portée.

 

C’est dans les années soixante-dix que la manière de faire a été infléchie : avec l’aval de ses autorités de tutelle, Saab a commencé à chercher des clients à l’export, pour produire davantage d’avions et en diminuer le coût unitaire. Et, parallèlement, l’avionneur est entré sur le marché des avions régionaux, où il y avait pourtant pléthore de prétendants.

 

En 1975, Saab a proposé l’impressionnant Viggen aux quatre pays du « marché du siècle  », Pays-Bas, Belgique, Norvège et Danemark, face au YF-16 et au Mirage F1E. « Nous savions que nous n’avions aucune chance de l’emporter mais notre candidature nous a beaucoup appris, elle nous a permis de comprendre comment se déroulent de grandes compétitions de ce type », nous avait déclaré à l’époque le directeur du marketing de Saab.

 

Depuis, les équipes de Linköping ont fait du chemin, aidées par le Gripen, concurrentiel dans des limites suscitant un réel intérêt là où les contraintes budgétaires sont les plus sévères. Il n’est donc pas étonnant que la Colombie, par exemple, exprime un intérêt sérieux pour l’avion suédois. Lequel pourrait aussi intéresser les Canadiens, apparemment prêts à renoncer au F-35 au profit d’une solution plus « modeste » pour remplacer leurs CF-18. Commentaire de Hakan Buskhe, directeur général de Saab : le Gripen est « the most affordable fighter ». C’est visiblement l’avis des Brésiliens.

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