La communauté musulmane du pays s’inquiète des récentes arrestations massives d’islamistes présumés dans le sud majoritairement chrétien du Nigeria, ce qui fait craindre une montée des antagonismes ethniques et religieux.
Ces arrestations ciblées sont considérées par des observateurs comme les signes d’une potentielle dérive meurtrière.
En janvier, 300 commerçants, soupçonnés d’appartenir au groupe islamiste armé Boko Haram, ont été arrêtés dans l’Etat de Rivers, dans le sud du pays. La plupart ont été libérés depuis.
En janvier 2012 déjà, c’est 25 chasseurs que la police avaient arrêté et détenu pendant un mois, alors qu’ils participaient à une chasse annuelle dans les forêts de la région d’Enugu (sud-est). La police les soupçonnés d’avoir des liens avec Boko Haram lorsque les 19 fusils de chasse qu’ils transportaient ont été découverts.
L’insurrection islamiste, qui a fait plusieurs milliers de morts dans le nord du Nigeria depuis 2009, est au cœur des préoccupations sécuritaires, et certains redoutent que les violences contaminent le Sud, jusqu’ici épargné.
La suspicion croissante envers les musulmans fait craindre un regain de tensions religieuses, ethniques et inter-communautaires.
Indices de pré-guerre civile
Pour Solomon Dalung, professeur à l’université de Jos (centre), il est clair que les forces de l’ordre « visent (…) les citoyens qui viennent d’une région géopolitique particulière ». Les dernières arrestations portent des « indices de pré-guerre civile », s’inquiète M. Dalung, qui voit des similitudes entre la période actuelle et les tensions qui ont précédé la guerre du Biafra, qui a fait un million de morts au Nigeria entre 1967 et 1970. La guerre civile avait éclaté quand l’ethnie chrétienne Ibo a voulu faire sécession, dans le sud-est, suite à de fortes tensions avec les musulmans haoussas du nord du pays.
commenter cet article …