Le PDC reproche au ministre de la défense Ueli Maurer un manque de clarté dans sa stratégie.
15.02.2014 24heures.ch
Le PDC renonce à diriger la campagne en faveur de l'achat des Gripen, en votation le 18 mai. L'ingérence de la Suède, du constructeur Saab et d'Ueli Maurer dans la campagne sont en cause.
Dans un communiqué diffusé samedi, le PDC évoque aussi «le manque de clarté qui subsiste au sujet du financement de la campagne». La campagne référendaire est gérée par l'Association pour une Suisse en sécurité (ASeS). Le PDC, en accord avec les présidents des autres partis bourgeois, s'était déclaré d'accord d'en assumer la conduite.
Le PDC reproche au ministre de la défense Ueli Maurer un manque de clarté dans sa stratégie. Le Département fédéral de la défense (DDPS) et l'ambassade de Suède à Berne ont collaboré étroitement pour préparer la votation sur l'achat des avions de combat Gripen, selon la radio publique suédoise.
Actions promotionnelles
Les documents publiés par Radio Sweden sont accompagnés de listes d'activités prévues avant la votation. Parmi les actions promotionnelles envisagées figurait le survol de la course de ski du Lauberhorn (BE) ou même une visite en Suisse de la princesse Victoria. Le survol du Lauberhorn avait été abandonné car l'armée de l'air suisse s'y était opposée.
La parade aérienne sera rattrapée à la mi-mars lors de la finale de Coupe du monde de ski alpin à Lenzerheide (GR). Selon le département de la défense, elle aura lieu dans le cadre d'un entraînement commun des armées de l'air des deux pays, prévu de longue date.
Contacté par l'ats, le ministre suédois des affaires étrangères Carl Bildt avait réagi mercredi en affirmant que le gouvernement suédois ne participait pas à la campagne, mais qu'une «coordination entre la Suède et la Suisse sur un sujet aussi important était tout à fait normale».
Mardi, en lançant sa campagne, Ueli Maurer avait annoncé que le constructeur Saab se tiendra en retrait et ne versera plus un centime d'ici la votation. Les pro-Gripen ont rendu les 200'000 francs versés par l'entreprise suédoise.
Surprise et incompréhension
La décision du PDC a fortement surpris Denis Froidevaux, vice-président de l'Association pour une Suisse en sécurité (ASeS) et président de l'Association suisse des officiers (SOG), qui n'était pas au courant de l'information. Il juge la décision «ni responsable, ni très courageuse».
«Les arguments invoqués ne se fondent sur aucun fait établi», a décalré à l'ats Denis Froidevaux, après lecture des arguments du PDC. Le vice-président de l'ASeS n'a pas eu connaissance d'une quelconque ingérence de la Suède.
Quant à la critique des démocrates-chrétiens sur le manque de clarté du financement de la campagne, elle «étonne doublement» le brigadier vaudois. Au départ, il avait certes été question que Saab participe à son financement. «Cette option a été très rapidement écartée et il n'en est maintenant plus question», a-t-il assuré.
Pour lui, cette décision cache une autre raison, estime-t-il, sans savoir vraiment quoi.
Discussion avec les autres partis
A présent, la conduite politique de la campagne pourrait être assumée par le PLR ou le PBD. Ou par l'UDC si on accepte de changer les règles, car il n'est en principe pas autorisé que ce soit le parti du ministre de la défense qui assume aussi la campagne politique.
Le président de l'association, le conseiller national Jakob Büchler (PDC/SG), contactera la semaine prochaine les partis pour régler cette question. Il a pris connaissance de la décision du PDC «avec regrets», a-t-il dit à l'ats. Il ignore à ce stade si un autre parti prendra le relais.
Le 18 mai, le peuple se prononcera sur les 3,126 milliards de francs destinés à l'acquisition de 22 Gripen, qui remplaceront les 54 Tiger vieux de plus de 30 ans. La votation ne portera pas sur l'achat lui-même, mais sur la loi instituant un fonds qui sera alimenté via une ponction moyenne de 300 millions de francs chaque année et pendant dix ans dans le budget de l'armée. (ats/Newsnet)
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