28/03/2014 Marine Nationale
Dans le cadre de l’opération Corymbe, l’aviso Commandant Birot a réalisé du 12 au 24 février 2014 une période d’instruction au profit des élèves de l’École Navale de Bata (Guinée Equatoriale).
Cette École est née en 2010 de la volonté des pays du golfe de Guinée de créer une école de formation des officiers et des sous-officiers des forces navales africaines. Ce projet a acquis le soutien de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du Ministère français des Affaires étrangères.
Dans ce contexte, l’École navale militaire de Guinée Équatoriale a acquis le statut d’École nationale à vocation régionale (ENVR), assumant ainsi une dimension continentale.
La corvette ENVR à bord du Commandant Birot s’inscrit dans le volet « coopération » de l’opération Corymbe, qui soutient le renforcement des marines riveraines du golfe de Guinée.
Corvette d’instruction à bord du Commandant Birot
La corvette d’instruction au profit de l’ENVR permet la pratique du quart en passerelle et la découverte d’un bâtiment de la Marine nationale à la mer. Elle vient récompenser la sélection des trois meilleurs élèves-officiers de la promotion 2013-2014, venus cette année du Sénégal, de Côte d’Ivoire et de Guinée Équatoriale.
Les débuts sont difficiles : les procédures, les préparations de quart, mais également la visibilité réduite par les grains équatoriaux, la fatigue et ... le mal de mer. Pour autant, les élèves n’ont pas le temps de s’apitoyer sur leur sort. Ils doivent redoubler d’effort pour préparer les exercices à venir avec la frégate anglaise HMSPortland.
A la mi-corvette, l’aviso Commandant Birotfait escale au Ghana, pays anglophone. Un exemple pour ces élèves - plus à l’aise en français ou en espagnol - de l’intérêt de travailler les cours d’anglais dispensés à Bata.
Le retour en mer vient rapidement pour l’aviso, avec la participation à l’exercice NEMO [1], pendant lequel il doit effectuer évolutions tactiques, exercices de tir, de visite ou autres transferts de personnel avec des patrouilleurs ghanéen, togolais ou nigérian.
Les élèves africains en stage sur le Commandant Birot ne sont pas au spectacle aux commandes. Pas de doute : la prochaine fois, ils seront de l’autre côté, à bord des patrouilleurs de leurs pays respectifs.
Au dernier jour de cette corvette, le Commandant Birot est de retour devant les côtes équato-guinéennes. L’ensemble de la promotion des élèves-officiers de l’ENVR est alors embarquée, pour constater à la mer les progrès accomplis par leurs camarades.
L’EV1 (Sénégal) Cheikh GUEYE leur fait la démonstration de son autonomie à la passerelle. Il exécute un mouillage sans faute, avant de se livrer aux questions des officiers de sa promotion.
Fin de la corvette ENVR 2014
Les élèves-officiers regagnent Bata pour la fin de leur scolarité tandis que la mission Corymbe 123 se poursuit pour le Commandant Birot.
Interview du capitaine de frégate William Tosten, Directeur des études
Commandant, vous êtes coopérant militaire français, directeur des études de l'ENVR de Bata, comment se traduit la participation de la France dans cette école ?
La France soutient les acteurs locaux de la formation. Trois coopérants militaires français accompagnent et forment les cadres et instructeurs équato-guinéens : un chef de projet, également directeur des études, un officier logistique et un sous-officier breveté supérieur.
Notons que la coopération structurelle française, dont la mission consiste à poser les fondements du fonctionnement autonome de ce centre de formation, n’a pas vocation à perdurer.
Dans quelle langue s'expriment ces élèves de nationalités différentes?
Le français est – avec l’espagnol – une langue officielle en Guinée Equatoriale depuis 1996. Elle est la langue obligatoire pour dispenser les cours et les pays représentés à l’école sont majoritairement francophones.
Quel est le niveau des élèves en sortie de l’ENVR ?
C’est sur son niveau élevé que s’est rapidement bâtie la réputation de l’ENVR-Bata. Les cursus comprennent des modules éliminatoires qui imposent un effort aux élèves, qui doivent faire preuve de bonnes dispositions intellectuelles et d’entraide. tous ne sortent d’ailleurs pas diplômés. En sortie d’école, les élèves sont généralement affectés dans des postes embarqués et peuvent ensuite être sélectionnés pour des cours de niveaux supérieurs, en France notamment (1 à 2 anciens élèves de l’ENVR par an suivent les cours du brevet supérieur Navigateur-Timonier en France).
Quel est l’avenir de l’ENVR ?
Forte de son succès et de sa réputation grandissante en Afrique, l’ENVR de Bata est souvent citée en exemple. La Guinée Équatoriale a d'ailleurs décidé l’année dernière de lancer la construction d’une nouvelle école sur un site proche de la frontière avec le Cameroun.
Cette nouvelle École devrait être opérationnelle pour la rentrée 2016, et sera équipée d’un simulateur de navigation à deux passerelles, d'un centre d’entraînement sécurité et d'un hangar pour les embarcations avec rampe de mise à l’eau.
Elle devrait pouvoir doubler sa capacité d’accueil (jusqu'à environ 145 élèves) et élargir les formations aux mécaniciens et électromécaniciens. En attendant, face à la demande grandissante, nous devrions dès la rentrée 2014 augmenter sensiblement notre capacité de formation sur le site de Bata.
L’ENVR en chiffres
- Création en 2010 - 25 cadres Equato-guinéens, dont 15 instructeurs - Promotions de plus de 10 nationalités (Guinée Conakry, Burundi, Sénégal, Côte d’Ivoire, CongoBrazzaville, Sao Tomé et Principe, Cap Vert, Gabon, Cameroun, Bénin, Guinée Equatoriale) - 16officiers formés par an (scolarité de 10 mois) - 70BAT Navigateurs, Manœuvriers, Guetteurs formés par an (scolarités de 5 mois) - Formation pratique sur 4 embarcations rigides (6,50m / 80CV) - 1semaine de mer / semestre sur le bâtiment amphibie équato-guinéen « CC David Eyama » |
[1] « NEMO », Naval Exercise for Maritime Operations(édition 14.1 impliquant France, Grande-Bretagne, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria)
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