Depuis plus de dix ans et la fin de la guerre civile, tout l'état-major d'al-Qaïda au Maghreb islamique a fait des montagnes de l'Est algérien son sanctuaire. C'est là qu’Abdelmalek Droukdel, de son pseudonyme Abou Moussab Abdelwadoud, le fondateur et actuel émir suprême de la branche maghrébine d’al-Qaïda, réside avec plusieurs centaines de ses hommes. C’est là que l’homme âgé d'une quarantaine d'années dirige son organisation fondée en 2006, quand l'ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) a prêté allégeance à Oussama ben Laden.
Après plus de dix années de traque, les autorités algériennes ne sont jamais parvenues à le capturer. C'est pourtant de cette région que le leader et ses nombreux émirs diffusent leurs instructions aux troupes, notamment sahéliennes, mais aussi leurs communiqués audio ou vidéo sur internet. C'est aussi à partir de ce fief qu'ils mènent régulièrement des actions armées contre des cibles militaires ou institutionnelles locales. C'est ce qu'Alger qualifie de « terrorisme résiduel », c'est-à-dire l'une des plus anciennes guérillas jihadistes cantonnée à une zone montagneuse bien déterminée, qui ne touche pas les agglomérations urbaines.
Selon certains chercheurs, Alger ne chercherait plus vraiment à éradiquer cette présence jihadiste en Kabylie qui permettrait de justifier une politique sécuritaire dans le pays. Pour autant, les accrochages, parfois meurtriers, sont réguliers entre armée, forces de l'ordre et éléments jihadistes. Jusqu'à la frontière tunisienne.