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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 13:50
La sécurité des sous-marins britanniques en question après une fuite radioactive

 

13.03.2014 Par Eric Albert (Londres, correspondance) LE MONDE

 

Une fuite radioactive dans un centre de recherche de l'armée britannique, tenue secrète pendant plus de deux ans, pose aujourd'hui la question de la durée de vie des quatre sous-marins nucléaires Vanguard, qui transportent l'armement atomique britannique.

Révélé le 6 mars à la Chambre des communes par le ministre de la défense, Philip Hammond, cet incident aura pour conséquence le remplacement anticipé du réacteur nucléaire d'au moins un de ces sous-marins, peut-être de deux, pour un coût qui ira jusqu'à 270 millions de livres (320 millions d'euros). « C'est comme une voiture rappelée à l'usine pour vice de forme », persifle un bon connaisseur militaire.

La fuite a eu lieu dans le laboratoire militaire Vulcan Naval Reactor Test Establishment, à Dounreay, dans le nord de l'Ecosse. Un réacteur nucléaire expérimental du même modèle que ceux utilisés dans les Vanguard y est installé. Pour l'armée britannique, c'est une façon de le tester et de le pousser au maximum, pour détecter à l'avance de potentielles failles dans les sous-marins.

 

LE RÉACTEUR EXPÉRIMENTAL ARRÊTÉ DANS L'URGENCE

En janvier 2012, « des niveaux faibles de radioactivité ont été détectés dans le circuit d'eau de refroidissement entourant le coeur du prototype », a expliqué M. Hammond. Selon lui, la fuite est due à « une rupture microscopique » du revêtement métallique du combustible.

Le ministre s'est voulu rassurant. L'incident nucléaire est classé de « niveau zéro », « sans signification sur la sécurité ». Personne n'a été mis en danger. L'agence écossaise de protection de l'environnement, la SEPA, confirme. Mais elle souligne que les émissions de gaz rares radioactifs ont fortement augmenté pendant cette période, de 4 % à 43 % de la limite autorisée. Dans la mesure où les seuils limites n'ont pas été franchis, elle n'a pas alerté la population.

Reste pourtant de nombreux éléments troublants. Après l'incident, le réacteur expérimental a dû être arrêté dans l'urgence. Il a fallu ensuite attendre onze mois, soit jusqu'en novembre 2012, pour qu'il reprenne du service. « Le même incident dans un sous-marin qui patrouillerait serait bien plus sérieux, estime l'analyste Hugh Chalmers, du Royal United Services Institute. Cela forcerait à le retirer du service et cela mettrait en danger ceux qui sont à l'intérieur. »

 

SENSIBLE À SIX MOIS DU RÉFÉRENDUM SUR L'INDÉPENDANCE

De plus, les autorités militaires se sont murées dans un silence complet. Lors des réunions trimestrielles avec les associations de riverains et les autorités locales, les responsables de Vulcan ont affirmé n'avoir « pas grand-chose à rapporter ».

Ce silence provoque la colère des indépendantistes, au pouvoir en Ecosse. « Le ministère de la défense a activement trompé la communauté locale. Comment est-ce que les gens vont le croire, maintenant ? », attaque Rob Gibson, le député écossais local. Pour les nationalistes, qui ont promis de mettre fin au nucléaire en Ecosse et ne veulent plus accueillir l'arsenal atomique, le sujet est très sensible à six mois du référendum sur l'indépendance.

Enfin, le gouvernement britannique tire une conclusion militaire importante de cet incident. Il va remplacer le cœur nucléaire du Vanguard, le plus ancien des quatre sous-marins, lors de sa prochaine mise à sec de trois ans, programmée à partir de fin 2015. Le réacteur, installé en 2002, était pourtant prévu pour durer jusqu'en 2024. « Il n'aura réalisé que la moitié de son service prévu », souligne M. Chalmers.

 

AGACEMENT ET DÉMORALISATION DANS LES RANGS DE LA NAVY

L'opération va coûter 120 millions de livres (140 millions d'euros). L'armée britannique se réserve ensuite la possibilité de faire de même sur le Victorious, le deuxième plus ancien sous-marin de la flotte, lors de sa maintenance prévue en 2018. Cela coûterait 150 millions de livres.

Ces coûts supplémentaires s'inscrivent dans le cadre d'un budget de la défense déjà tendu. En vingt ans, la flotte de la Royal Navy a été réduite par deux, au point de provoquer agacement et démoralisation dans les rangs de l'ancienne première puissance maritime du monde.

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