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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 17:20
Les 350 A-10 en service sont équipés pour opérer au plus près de l’adversaire. Photo USAF

Les 350 A-10 en service sont équipés pour opérer au plus près de l’adversaire. Photo USAF

 

3 mars 2014 Aerobuzz.fr

 

Aux USA, le budget prévisionnel de la Défense (496 Md$) prévoit le retrait de deux avions de légende : l’avion-espion U-2, et le tueur de chars A-10. Ces deux appareils emblématiques de la guerre froide sont pourtant, encore aujourd’hui, appréciés des militaires américains.

 

Il est temps de tourner la page. Pour le Secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, les USA ne peuvent plus se permettre de conserver, au sein de leur arsenal, des avions « mono mission ». En conséquence, l’A-10 et le U-2/TR-1, deux avions de légende, se retrouvent dans le collimateur du Pentagone et de la Maison Blanche se trouvent.

 

Selon l’administration américaine, supprimer le parc d’avions d’attaque A-10C , soit 350 avions au total, permettrait d’économiser 3,5 Md$ en cinq ans. Une somme qui aiderait à financer partiellement le programme d’avion d’attaque furtif F-35, les drones d’attaque Reaper et surtout, une partie des avions ravitailleurs. Selon la Maison Blanche, ces avions d’attaque qui ont plus de 40 ans, sont des reliques de la guerre froide. Ils sont aujourd’hui qualifiés d’obsolètes et de vulnérables aux moyens de défense modernes.

 

 

Le A-10 est capable d’encaisser les coups des défenseurs adverses. Photo  USAF

Le A-10 est capable d’encaisser les coups des défenseurs adverses. Photo USAF

 

Au congrès, une sénatrice dont le mari est un ancien pilote de A-10, a fait remarquer que le « tueur de chars » des années 80 est aujourd’hui qualifié de « meilleur ami du fantassin » sur tous les théâtres où il a été engagé, et plus d’un marines lui doit la vie sauve. En outre le parc vient de subir, aux frais du contribuable américain, une modernisation importante qui a porté sur l’avionique, le système d’arme, les moyens d’autoprotection et l’installation d’une nouvelle voilure. De quoi faire durer ces monstres blindés de titane et d’aluminium jusqu’en 2028 au moins.

 

Si les drones d’attaque sont en train de monter en puissance dans l’arsenal américain, leur souplesse d’emploi et leur fiabilité laisse encore à désirer parfois. Quant au remplaçant furtif, le F-35 JSF, présenté comme le fer de lance des années 2020, les retards de programme, les dépassements de budget et les déboires techniques à répétition n’augurent, pour le moment, rien de bon. Ainsi, là où un A-10, taillé pour le combat au plus près de l’adversaire avec son blindage peut survivre à des impacts de munitions de 12,5 mm et des tirs de missiles courte portée, le coûteux JSF, dépourvu de tout blindage et dont la soute interne ne permet pas d’emporter beaucoup de missiles, devra rester à distance de sécurité.

 

 

Le A-10 tire des munitions à uranium appauvri capables de percer tous les blindages. Photo USAF

Le A-10 tire des munitions à uranium appauvri capables de percer tous les blindages. Photo USAF

 

 

En outre plusieurs sénateurs font remarquer que depuis les années 80, le spectre des missions du A-10 est passé de « simple » «  tueur de chars  », à avion d’appui aérien, de contrôle des opérations avancé et moyen de localisation de personnes en détresse en zone hostile. Bref le A-10 est aujourd’hui le couteau suisse des avions d’attaque, à l’instar des SU-25 en Russie.

 

Le A-10 a bénéficié d’un important programme de remise à niveau. Photo USAF

Le A-10 a bénéficié d’un important programme de remise à niveau. Photo USAF

 

Autre victime pressentie des restrictions budgétaires américaines : l’avion espion U-2/TR-1 « Dragon Lady ». Cet appareil est apparu dans les années 50. Né en huit mois seulement de la volonté d’un seul homme, l’ingénieur de Lockheed Martin Clarence Kelly Johnson, cet appareil vendu à la CIA puis à l’USAF est depuis 50 ans de toutes les opérations, qu’elles soient secrètes, ou officielles. Le parc actuel d’avions espions, U-2 compte 32 unités. Le potentiel théorique de cet avion singulier peut lui permettre de rester en service pendant encore 35 ans. Les U-2 sont des avions optimisés pour la haute altitude, environ 77.000 pieds au maximum, soit largement au dessus des avions de ligne. Plus on vole haut, plus on voit loin, et moins on a de chance d’être abattu expliquait Kelly Johnson.

 

Vers une sortie définitive des U-2 et A-10 de l’arsenal militaire américain

Le U-2 est apparu dans les années 50. Il a permis par exemple d’estimer dès ses premières missions le véritable potentiel offensif de l’URSS. Photo Lockheed-Martin

 

Depuis son perchoir, le U-2 met en œuvre des charges utiles diverses suivant les données à collecter. Ainsi pendant les missions en ex Yougoslavie, un U-2 interceptait en permanence toutes les communication radio militaires et civiles. Des données relayées en direct par satellite vers Washington, qui, après traitement, élaborait une situation tactique claire de tout le théâtre d’opérations. Ainsi équipé, le U-2 savait avant même les Awacs, qu’un pilote serbe ou croate s’apprêtait à mettre en route son MiG21. Un préavis inestimable pour les forces de l’Otan. Plus tard en Afghanistan, c’est encore le U-2 qui surveillait les mouvements des Talibans poseurs de bombes improvisées sur les routes. La panoplie du U2 comprend également un radar capable de détecter les cibles au sol les mieux camouflées tout en restant au dessus des nuages, et des caméras à très haute résolution.

 

Vers une sortie définitive des U-2 et A-10 de l’arsenal militaire américain

Le U-2 croise à plus de 21.000 mètres pendant des heures pour fournir de précieux renseignements aux militaires et aux politiques. Photo Loockheed-Martin

 

Le remplaçant pressenti du U-2 est le drone Global Hawk Block 30. Avec une endurance de 30 heures environ il bat à plate couture le U-2 dont le pilote a besoin de repos après huit heures exténuantes dans la stratosphère. Mais le drone a ses défauts, sa vulnérabilité au brouillage des communications, la faiblesse de sa capacité d’emport, ses capteurs aux performances moyennes, son altitude de croisière inférieure et ses couts d’exploitation élevés. Bref un manque de maturité qui suscite des réactions de méfiance outre-Atlantique.

 

Vers une sortie définitive des U-2 et A-10 de l’arsenal militaire américain

Le parc de U-2, qui se monte à 32 unités est encore « jeune » en termes de potentiel. photo Lockheed-Martin

 

Quant aux satellites espions, leur cout élevé et leur manque de souplesse d’emploi ne compenseront pas le départ du U-2. En effet, un satellite défilant ne peut passer que quelques minutes sur un point donné, et il emporte soit un radar à ouverture synthétique, soit des capteurs SIGINT (radio) soit des caméras. Le U-2, lui peut aisément être configuré pour n’importe quel mission et assurer la permanence du renseignement là où les autres moyens ne sont pas présents.

 

Vers une sortie définitive des U-2 et A-10 de l’arsenal militaire américain

Le U-2 collecte des données tactiques et stratégiques.  Il dispose de moyens d’écoute électroniques, d’un radar air-sol et de caméras très puissantes. Photo Lockheed-Martin

 

La bataille qui opposera bientôt le Congrès à la Maison Blanche pour le budget de la Défense s’annonce rude, mais il y a cette fois peu de chances que le U-2 et le A-10 en réchappent.

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