Après avoir espéré, en vain, une clarification sur l'intégrité de la loi de programmation militaire (LPM 2014-2019) votée fin 2013, les sept patrons des plus importants groupes de défense français en appellent à François Hollande. Dans une lettre datée du 15 mai, ils se mobilisent contre la menace de nouvelles coupes dans les dépenses militaires. Elles oscilleraient entre 1,5 à 2 milliards d'euros par an sur la période 2014-2017. La défense, soulignent Airbus France, Dassault Aviation, DCNS, MBDA, Nexter, Safran et Thales, «est un des derniers secteurs dans lesquels l'investissement public se traduit par le développement de technologies de souveraineté qui irriguent l'ensemble de l'industrie (...) et génèrent des emplois à haute valeur ajoutée» (165.000).
La LPM consacre, en échange d'un budget de 190 milliards sur six ans, les efforts des industriels (décalage de livraisons, etc.) et des armées (- 34.000 postes ; - 80.000 depuis entre 2009 et 2019) dans le cadre de l'effort national de lutte contre les déficits. Toucher à son équilibre précaire la verrait s'écrouler comme un château de cartes.
Les industriels demandent audience à François Hollande. «Nous restons confiants dans la parole et l'engagement irréfragable du président de la République», dit-on. François Hollande s'est, par trois fois, publiquement porté garant de la «sanctuarisation» de la LPM. Peut-il se déjuger? Peut-il acculer Jean-Yves Le Drian, qui a mis tout son crédit «pour vendre la LPM aux armées», à la démission, s'interroge-t-on? Le ministre de la Défense est déterminé à peser de tout son poids pour que le budget de la défense soit préservé.