5 mai 2014 RTBF.be (Belga)
Aucun parti politique francophone, à l'exception du PTB, ne s'oppose formellement à l'idée d'acheter de nouveaux avions de combat pour succéder aux F-16 vieillissants - un marché estimé à quelque quatre milliards d'euros -, mais tous souhaitent inscrire un tel achat dans un "cadre européen", révèle une enquête menée la Coordination nationale d'Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), dont les résultats ont été publiés lundi.
Sans surprise, c'est le président du MR, Charles Michel, qui se montre le plus affirmatif en déclarant que son parti est favorable à une décision au cours de la prochaine législature concernant "le remplacement ou la modernisation de nos F-16", tout en prévenant que les libéraux francophones "opteront pour la solution économique, industrielle et opérationnelle la plus favorable".
M. Michel ajoute, dans une réponse écrite au questionnaire adressé à six partis (cdH, PS, FDF, MR, Ecolo et PTB), que le prochain gouvernement devra définir "un plan stratégique volontariste" des capacités dont devra disposer l'armée belge à l'horizon 2020.
Le MR propose de maintenir le maintenir le budget de la Défense en euros courants (c'est à dire incluant l'inflation) pour "générer une marge libre indispensable au rééquipement en matériels majeurs à la suite d'une réduction +naturelle' de l'effectif vers 25.000 hommes".
Le président du PS, Paul Magnette, a lui aussi répondu personnellement à la CNAPD en assurant que son parti "ne ferme pas la porte au débat et à la possibilité de consentir les investissements indispensables à notre sécurité et au maintien de la paix", tout en soulignant qu'ils doivent s'apprécier en fonction des moyens budgétaires disponibles, des options prises par le prochain plan stratégique (...), des retombées en termes de création d'emploi et de transferts technologiques.
Pour M. Magnette, c'est ce nouveau plan stratégique 2015-2030 qui devra fixer un nouveau niveau d'ambition pour notre défense. "Et c'est sur cette base que devra s'établir le prochain programme pluriannuel d'investissement et d'équipement", précise le président des socialistes francophones.
"De manière générale, nous estimons qu'il faut consentir à un investissement de Défense que s'il correspond aux véritables besoins belges et européens en la matière, et certainement pas servir des intérêts stratégiques qui ne sont pas les nôtres", ajoute M. Magnette.
A cet égard, le PS privilégie une approche européenne en la matière. Selon les socialistes, la Belgique doit en effet "poursuivre et renforcer son engagement pour une Europe de la défense qui permette de rationaliser les dépenses militaires tout en gagnant en efficacité et en faisant de l'Europe un acteur diplomatique majeur et fiable à l'échelle mondiale".
Le cdH a répondu, de manière anonyme, à la CNAPD, en affirmant que "la Défense demeure une composante incontournable d'une stratégie internationale de stabilité et de paix crédible, qui doit s'inscrire résolument dans une perspective européenne".
"La Belgique doit assumer sa part de responsabilité dans la sécurité européenne et mondiale. Cela peut se faire notamment en ayant une composante aérienne de pointe si ce besoin est identifié à l'échelon européen", ajoutent les humanistes.
Ils estiment que la décision de remplacement des F-16 devra se fonder sur une analyse des besoins à l'échelon européen "ainsi que les retombées économiques, technologiques et financières pour notre pays et en consultation avec nos partenaires européens".
Les FDF estiment pour leur part qu'une composante aérienne de combat "reste actuellement encore nécessaire" pour assurer des missions de police du ciel, de reconnaissance, de défense aérienne ainsi que d'appui aux troupes engagées au sol. Le remplaçant du F-16 devrait posséder une capacité multirôles réelle; disposer d'une technologie récente et éprouvée mais également pouvoir participer à des missions expéditionnaires hors d'Europe, a indiqué un attaché à la présidence du parti amarante, Michaël Vossaert.
Pour Ecolo, le renouvellement des avions de combat doit "faire l'objet d'une réflexion plus large" et il est essentiel que la Belgique se spécialise "dans certains métiers pour lesquels nous sommes reconnus".
Les écologistes ne "souhaitent pas a priori" que la Belgique dispose d'avions de combat. "Toutefois, si la Belgique devait, dans la cadre de sa +part européenne+, acheter des avions de combat, il serait indispensable de d'abord poser la question des objectifs assignés à ces avions", ont-ils indiqué à la CNAPD.
Nettement plus carré, le PTB a pour sa part répondu: "Nous ne voulons pas acheter d'avions de combat du tout".
L'industrie aéronautique chiffre l'achat d'une quarantaine de nouveaux chasseurs-bombardiers à environ quatre milliards d'euros.
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