Le "Vladivostok", porte-hélicoptère de la classe Mistral construit pour la Russie à Saint-Nazaire. série d'essais à la mer en avril puis en mai. Photo Marine Nationale
20/06/2014 par François d'Orcival- V.A.
Mistral. Quatre cents marins russes vont s’entraîner sur le premier des deux bateaux commandés aux chantiers navals français. Même si les Américains ne sont pas contents…
Le pavillon de Saint-André flottera sur un quai de Saint-Nazaire, ce dimanche 22juin. Le Smolny, navire-école de la marine russe, y est attendu avec 400 marins à bord. Il devait appareiller, ce 18 juin, de son port d’attache de Kronstadt, situé sur la Baltique en face de la baie de Saint-Pétersbourg. Kronstadt est un symbole ancien de l’amitié franco-russe, car c’est dans ce port que le tsar Alexandre III accueillit pour la première fois une escadre française, commandée par l’amiral Gervais. Cela se passait le 22 juillet 1891 et ce fut le point de départ de l’alliance franco-russe. Les marins russes offrirent, selon la coutume de l’époque, le pain et le sel à leurs camarades français.
Il n’est pas sûr que les marins du Smolny aient eu connaissance de ces détails en se préparant à accoster à Saint-Nazaire ; il est aussi improbable que le nouveau maire de la ville portuaire, David Samzun, leur offre le pain et le sel. Les circonstances de cette visite sont un peu particulières, en effet. Ces marins venus de Kronstadt célèbrent pourtant la perpétuation de l’amitié franco-russe, puisqu’ils doivent prendre livraison du premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) que les chantiers navals STX de Saint-Nazaire construisent pour la Russie. Mais si les circonstances sont particulières, c’est que les Américains ont tout fait pour empêcher cette livraison, au motif d’un embargo décidé par eux seuls sur les livraisons d’armes à la Russie de Vladimir Poutine, en raison de l’annexion de la Crimée. Les Français sont passés outre et les marins de Kronstadt vont s’entraîner à bord de ce bateau tout neuf qui est le leur.
Baptisé Vladivostok (le suivant s’appellera Sébastopol, du nom de la base navale russe de Crimée), ce bâtiment a effectué sa première sortie à la mer au début du mois de mars. Entre sa mise sur cale et sa mise à l’eau, il se sera écoulé à peine plus de deux ans ! Un record pour un bâtiment de ce tonnage (21 000 tonnes) et de cette dimension — il dépasse la hauteur du porte-avions Charles-de-Gaulle qui, lui, a été réalisé en quatorze ans. C’est d’ailleurs parce que cela avait trop duré que l’on a voulu aller bien plus vite pour construire un porte-hélicoptères.
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