19/06/2014 ccfa.fr (autoactu.com 19/6/14)
A l’occasion du Salon de l’équipement militaire Eurosatory, Safran et sa filiale Sagem présentent un équipement de vision proximale à 360° pour véhicule militaire qui pourrait équiper le prochain VAB (véhicule de l’avant blindé) de l’armée française. Ce système composé de quatre caméras, offrant une image « sans couture » avec une résolution et un éclairage homogène, est directement issu du système « 360Vue » de Valeo. Il s’agit de la première application concrète du partenariat de recherche signé entres les deux entreprises en septembre 2013.
Sur le véhicule militaire, le système de vision à 360° permet d’avoir un « blindage transparent », c’est-à-dire de voir sans hublot, ni fantassin à l’extérieur qui assure la sécurité de proximité du véhicule. Il est couplé à une caméra à infrarouges et à un système de reconnaissance des silhouettes et des visages, deux technologies sur lesquelles Safran est leader européen et qui intéressent particulièrement Valeo. Les algorithmes de l’outil de reconnaissance faciale de Safran sont d’ailleurs d’ores et déjà utilisés par les équipes de recherche de Valeo pour développer un système de suivi de vigilance du conducteur qui pourrait être mis sur le marché dès cette année.
L’imagerie à infrarouges est une autre technologie que Valeo devrait utiliser à l’avenir, afin d’aider le conducteur à voir dans des conditions difficiles, de nuit ou dans le brouillard. Ce thème de recherche, sur lequel travaille les deux entreprises, a obtenu un financement par le fonds unique interministériel de la DGCIS dans le cadre de son 17ème appel à projets et est soutenu par les pôles de compétitivité Move’o, ViaMéca et Astech. Il doit déboucher sur le développement d’une caméra tout temps, à bas coût, capable de détecter les piétons, pour sécuriser la conduite de nuit et par mauvais temps, pour un usage civil et militaire.
« Par le passé, nous avons déjà équipé des Cadillac avec des caméras thermiques et même un écran à bord, avec le risque que le conducteur n’utilise que cet écran pour conduire », se rappelle Guillaume Devauchelle, directeur de la R&D de Valeo. « Aujourd’hui, l’infrarouge, et plus généralement le multispectral, s’inscrit dans un ensemble de source d’informations avec les systèmes de radars, d’ultrasons et de caméras, qui sont combinés pour fournir une analyse de la situation complète, fiable et sans fausse alarme, et alerter le conducteur du danger voir réagir à sa place, si sa vigilance est insuffisante. Tout cela à un coût compatible avec un véhicule de grande diffusion », ajoute-t-il.
« Ce système doit pouvoir équiper un véhicule premium dès 2016, à un prix de technologie divisé par 10, soit de l’ordre de 300 euros, puis d’ici à 2018-2020, un véhicule de moyenne gamme, avec un coût encore divisé par 10, soit de l’ordre de 30 euros », explique de son côté Thierry Dupoux, en charge du projet chez Safran. Ce calendrier s’inscrit dans le respect des objectifs de l’organisme EuroNcap, qui demande aux constructeurs d’équiper leurs véhicules de systèmes de freinage automatique d’urgence sur piéton de jour en 2016 et de nuit d’ici à 2018-2019.
Le dernier projet sur lequel les deux partenaires ont identifié des synergies est la « robotisation-dronisation » des véhicules. Sagem, numéro 1 européen des systèmes optroniques (associant optique et électronique) et des systèmes de drones tactiques, peut apporter son savoir-faire à Valeo dans le domaine de la voiture autonome, mais l’échange de technologie va aussi dans l’autre sens : « Nous avons testé, avec succès, sur notre drone, la dernière évolution du système de parking automatique de Valeo, qui sera très utile lors des phases de taxiing (roulage) des avions de ligne sur aéroport », indique M. Dupoux. Ce système de stationnement entièrement autonome de Valeo doit être proposé sur un véhicule de série dès l’année prochaine. « Nous avons encore bien d’autres sujets à explorer et d’échanges à opérer, comme par exemple sur la gestion des hautes températures ou les matériaux nouveaux », observe en conclusion M. Devauchelle, qui se réjouit de ce partenariat « pragmatique et simplifié par l’absence d’échanges financiers entre les deux partenaires ».