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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 07:50
Joachim Gauck s'entretenant avec le président des États-Unis, Barack Obama, au château de Bellevue, le 19 juin 2013 - photo US Gov

Joachim Gauck s'entretenant avec le président des États-Unis, Barack Obama, au château de Bellevue, le 19 juin 2013 - photo US Gov

 

06/07/2014 Par Nicolas Barotte - LeFigaro.fr

 

Un an après le début du scandale des écoutes de la NSA et du piratage du téléphone d'Angela Merkel, les services de renseignements du BND ont découvert qu'un de leurs hommes espionnait pour Washington.

 

Les renseignements allemands tentent de comprendre. Comment ont-ils pu être espionnés pendant deux ans de l'intérieur même de leurs services par leurs homologues américains? Un an après le début du scandale des écoutes de la NSA, quelques mois après les révélations sur le piratage du téléphone portable de la chancelière Angela Merkel, cette affaire d'agent double au sein du BND, révélée vendredi par le magazine Der Spiegel, risque de porter un nouveau coup aux relations de confiance entre les deux alliés traditionnels. Elle fait apparaître aussi de sérieuses failles dans la sécurité du BND.

Ironie de l'histoire, c'est en proposant ses services à la Russie le 28 mai que le suspect au profil trouble a été démasqué. Intercepté, le message adressé par e-mail au consulat russe de Munich a déclenché l'alerte au BND. Il était accompagné de trois documents confidentiels prouvant le sérieux de l'offre. Pour arrêter l'individu, les services allemands ont d'abord voulu lui tendre un piège en lui proposant un rendez-vous. Celui-ci ayant décliné, les enquêteurs ont cherché une autre piste. Ils se sont alors tournés vers leurs confrères américains pour leur demander des informations sur l'adresse mail utilisée: un compte Google. La demande est restée sans réponse. Pire, le compte incriminé a été aussitôt fermé. Les soupçons ont alors changé de direction.

 

218 documents dérobés

L'individu a été finalement identifié deux semaines plus tard grâce au tableau de congés: en examinant les documents proposés, envoyés d'un ordinateur privé, le BND a déterminé quels employés pouvaient y avoir accès. Le suspect était le seul à être absent le jour où ils ont été expédiés. Cet individu, un employé de 31 ans en poste à Pullbach, près de Munich, souffre d'un handicap.

Après avoir été un temps mis sous surveillance, l'agent a été placé mercredi en détention préventive. Décrit comme «peu qualifié» par le BND, il aurait dérobé 218 documents, classés de sensibles à confidentiels, retrouvés chez lui sur une clé USB. Durant les derniers mois, il se serait intéressé aux travaux de la commission du Bundestag chargée d'enquêter sur les écoutes de la NSA. «Tout indique qu'il travaillait pour les Américains», ont reconnu les services de renseignements allemands. Dans son appartement, sur son ordinateur personnel, la police a découvert un programme de communication cryptée caché derrière une application météo. En interrogeant le programme sur le temps à New York, l'agent double pouvait accéder à une interface de transmission sécurisée.

Le BND dément cependant qu'il s'agisse d'un agent infiltré. Le suspect a lui-même pris contact avec l'ambassade américaine de Berlin pour proposer ses services fin 2012. Lors d'une première rencontre à Salzbourg, il aurait touché 10.000 euros de la part de la CIA. Deux autres rencontres en Autriche lui auraient permis de toucher 5000 euros, puis 10.000 euros. Mais le BND évoque aussi un «besoin de reconnaissance» pour expliquer sa trahison. Les conséquences auraient pu être plus graves, minimise-t-on.

 

«Cette fois, ça suffit»

Dimanche, Angela Merkel, qui se trouve en déplacement en Chine, n'avait pas commenté publiquement l'affaire. Mais au sein du gouvernement on assure «ne pas prendre à la légère» cette affaire. Dès vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, avait convoqué l'ambassadeur des États-Unis. Mais Angela Merkel ne pourra pas rester longtemps silencieuse. «Cette fois, ça suffit», s'est exclamé samedi le président fédéral, Joachim Gauck, en accusant les États-Unis de «jouer avec l'amitié» entre les deux pays. En Allemagne, un ressentiment antiaméricain commence à prospérer. À Washington, la Maison-Blanche n'a pas fait de commentaires.

En Allemagne, où le sujet des écoutes est épidermique, les réactions ont été vives. Le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizières, a demandé des explications «rapides» aux Américains. Le SPD a, lui, mis en cause les procédures internes du BND et la possibilité pour un seul individu, au poste modeste, d'accéder à autant d'informations. Les renseignements allemands se sont défendus en expliquant qu'il était difficile d'agir quand des individus choisissaient eux-mêmes de trahir le secret.

Quoi qu'il en soit, le BND est sur la sellette. Mis en cause pour ne pas avoir su empêcher que le portable d'Angela Merkel soit écouté, le BND va devoir réexaminer ses procédures de sécurité, qui montrent de sérieuses défaillances. D'ailleurs, il y a quelques jours, le quotidien Bildannonçait que le tout dernier téléphone sécurisé de la chancelière n'était pas sûr à 100 %. La NSA aurait déjà trouvé le moyen de contourner ses systèmes de cryptage. Mais Merkel peut se rassurer: lors de sa dernière visite à Washington, Obama lui a promis qu'elle ne serait plus écoutée.

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