04.07.2014 par Philippe Leymarie - Défense en Ligne
Les armes, on le sait, ne sont pas des marchandises comme les autres. A quelques exceptions près – comme le fameux et quasi-universel fusil d’assaut de feu M. Kalachnikov – elles sont produites et diffusées sur une base nationale, sur décision politique, et sur financement d’un Etat, quitte ensuite à essayer d’en amortir les coûts de développement grâce à des ventes à l’export. Un commerce donc, mais soumis à de lourdes contingences politiques et réglementaires, qui sont parfois détournées. Exemples…
En Allemagne, Rheinmetall est sur le point de finaliser un juteux contrat avec lʼAlgérie : un millier de transports de troupes blindés de type « Fuchs II », ainsi que lʼusine qui en construira la majeure partie en Algérie même. Le projet est lancé depuis 2011, où il avait reçu un premier feu vert du Conseil fédéral de sécurité. Selon la lettre TTU (n°939, 28 juin 2014), « Berlin aurait cependant assorti ce contrat d’une clause, limitant la production des engins assemblés en Algérie à une utilisation exclusive par les forces algériennes et à une interdiction d’exportation vers des pays tiers ». En outre, ThyssenKrupp construit deux frégates pour la marine algérienne, et Daimler a placé quelques centaines de camions militaires. Le tout représente au moins 4 à 5 milliards dʼeuros de rentrées pour lʼindustrie allemande [1].
Comme l’établit le rapport gouvernemental sur les exportations d’armes, récemment paru à Berlin, l’Indonésie et surtout l’Arabie saoudite – outre l’Algérie – sont parmi les premiers clients d’une industrie allemande de l’armement qui se sent pousser des ailes : en 2013, les ventes à l’export d’armes et produits assimilés ont approché les 6 milliards d’euros. Mais Sigmar Gabriel, alors président du parti social-démocrate, sʼétait engagé lors de la campagne électorale à nettement restreindre les exportations dʼarmes. Devenu ministre de l’économie dans l’actuelle coalition, il est justement responsable du contrôle de ces exportations et membre du Conseil fédéral de sécurité, lequel octroie ou refuse à huis clos le droit à exporter.
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Lire le premier volet : « La foire aux armes »
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