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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 17:55
20èmes  Rencontres parlementaires de la Défense

 

21/10/2014 - par Alain Establier  - SECURITY DEFENSE Business Review n°114

 

Le 08 octobre se sont déroulées à Paris, les 20èmes rencontres parlementaires de la Défense autour d’une thématique: l’outil industriel de la Défense est-il un enjeu d’avenir pour les territoires? En cette période de flou intense sur les budgets des Armées, les responsables les plus éminents du secteur étaient là pour débattre: Laurent Collet-Billon (Délégué Général pour l’Armement), Eric Trappier (PDG de Dassault Aviation), Antoine Bouvier (PDG de MBDA), Général Denis Mercier (chef d’Etat-major de l’armée de l’air), Patrice Caine (DG de Thales) entre autres.

 

La Défense, c’est l’emploi en France

 

L’outil industriel de Défense représente encore en France 15 Mds€ de CA annuel et 165.000 emplois directs et indirects. A noter que ces 15 Mds€ permettent de conserver en France les 165.000 emplois, car ce sont souvent des emplois de haute spécialisation, générés par des produits haut de gamme et de très haute technologie pas faciles à délocaliser. Pour preuve, les difficultés rencontrées par Dassault et Thales en matière de sous-traitants indiens…

Pourtant, les politiques depuis 30 ans n’ayant aucune vision industrielle, le budget des Armées est tombé de 4,3% du PIB à la fin des années 60 (certes au temps du service militaire obligatoire), à 3% dans les années 80, à 2% dans les années 90, pour tomber à 1,5% en 2013! Même l’OTAN considère que le budget de défense des pays européens ne devrait pas être en dessous de 2% de leur PIB…

Les parlementaires de la majorité actuelle ont eu beau se réjouir de la progression de 40% des exportations de matériel de défense entre 2012 et 2013, les lecteurs de SDBR (cf. n°112) savent que c’est de la manipulation de l’information, car la performance de ce secteur se juge non sur un an mais sur la durée de son processus industriel (au moins 4 ans). Tout ce qu’on peut dire, c’est que la moyenne des prises de commande de 2007 à 2011 (5 ans) étaient de 6,42 Mds€, que la moyenne de 2012 et 2013 cumulée (2 ans) n’est que de 5,85 Mds€ et que l’exportation  représente environ 39% du chiffre d’affaires total de la filière. Il s’agit donc de se préoccuper aussi des 61% vendus en France, soit plus de 9 Mds€.

 

Une situation qui va passer de préoccupante à très préoccupante…

 

En réalité la situation est préoccupante aujourd’hui (comment financer les 31,4 Mds€ de la LPM ? le milliard des Opex ? etc.) et devient très préoccupante si on se projette à 10 ans. Eric Trappier a rappelé que l’industrie de défense pouvait produire des solutions duales, mais qu’il n’y aurait plus d’industrie de défense dans les territoires français si les entreprises concernées se tournaient complètement vers le civil: exemple, un employé sur le sol américain, à compétence égale, vaut 3 fois moins cher qu’un collaborateur français. Le danger serait grand de croire que la part du civil dans les entreprises de défense (le dual) serait la panacée car, en matière civile, la délocalisation aurait vite fait de détruire une grande part des 165.000 emplois actuels…

Les industriels et le général Mercier ont rappelé que la meilleure publicité des matériels français était faite par la doctrine d’emploi et par l’usage qu’en font les militaires (ex: le Rafale et son armement, ou le BPC). Le DGA a rappelé que l’industrie de défense française représentait 20% de l’industrie de défense totale de l’Europe, ce qui place la France à la fois en leader et en responsabilité. Le député Hervé Mariton a souligné que la filière d’excellence française de défense n’était pas acquise pour l’éternité et que la politique de défense était en principe la fonction première de l’Etat. Il a ajouté, concernant l’Europe, que sans programmes européens il ne pouvait y avoir de coopération industrielle de défense pour répondre à des objectifs stratégiques (lesquels?) et qu’une coopération industrielle constructive ne pouvait être que bilatérale (Lancaster House) ou multi-bilatérale, mais certainement pas multilatérale. Le général Mercier a indiqué que les Etats-majors étrangers, qu’il rencontre souvent, s’inquiétaient de l’abandon éventuel de programmes français, ce qui ne les incitait pas à passer des commandes bien sûr: dans 7 ans, est-ce que vous produirez toujours le Rafale ?

 

Conclusion

 

Comme l’a souligné Eric Trappier, il faut maintenir les budgets d’innovation et la recherche en haute technologie pour que l’industrie de défense française reste délibérément dans le haut de gamme, difficilement délocalisable, ce qui aidera à maintenir son image dans le monde et ses emplois en France. Il faut aussi sans doute faire pression sur Bruxelles pour que des recommandations soient faites aux Etats de revenir au moins à 2% de PIB dans leurs dépenses de défense, ce qui serait un élément de relance en plus d’un accroissement de notre sécurité. Enfin, comme l’a dit Philippe Bottrie du groupe Airbus, «il est  grand temps de semer les graines de notre sécurité future» !

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