16.12.2014 par Guerric Poncet - Le Web en lignes – LePoint.fr
Londres a piraté pour Washington les données de Belgacom, opérateur des institutions européennes, au risque de saborder le réseau. Un véritable acte de guerre.
Si vous pensez que l'Europe est une union, vous vous trompez. Londres l'a prouvé en piratant et en mettant en péril le principal opérateur télécom de Belgique, Belgacom, qui gère les télécommunications de l'Union européenne. Selon l'enquête publiée samedi conjointement par De Standaard (Belgique), NRC Handelsblad (Pays-Bas) et The Intercept (média américain proche du lanceur d'alerte Edward Snowden), les services secrets britanniques ont non seulement mis sur écoute les télécommunications de l'Union européenne, mais ils ont aussi agi de façon très agressive, menaçant la stabilité des infrastructures réseau du continent européen.
"Il s'agit de la première cyberattaque documentée d'un État européen contre un autre État européen", confie Edward Snowden à The Intercept. Et ce n'est pas une petite guéguerre entre amis : l'ampleur de cette opération clandestine, semble-t-il soutenue par Washington, en fait un véritable acte de guerre. Si la Grande-Bretagne était déjà perçue comme le cheval de Troie américain dans l'UE, elle pourrait désormais être perçue comme son bras armé dans une guerre de l'information... contre l'Europe. Nommé Operation Socialist, le piratage a été lancé dès 2008 par le Government Communications Headquarters (GCHQ) britannique et demeure le plus massif à ce jour contre les institutions de l'UE et les gouvernements de ses États membres. En comparaison, le piratage par les États-Unis et Israël des centrifugeuses du programme nucléaire iranien avec le ver Stuxnet fait pâle figure, tant par le nombre de machines infectées que par la complexité du code, jusqu'alors référence du genre.
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