29.12.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense
Le Liptako Gourma? Jusqu'à ce que le doigt de l'amiral Marin Gillier, le patron de la Direction de la coopération de sécurité et de défense, ne se pose sur la carte de l'Afrique, je ne connaissais pas. Il s'agit de la région dite des trois frontières, 370 000 km2 quand même, à cheval sur les frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Et c'est là que va être lancé un projet, plutôt innovant, qui allie sécurité et développement et qui a été baptisé ACTS (pour "Appui à la coopération transfrontalière au Sahel").
ACTS part du principe que quand les financements se tarissent, il faut éviter les doublons et mutualiser efforts et capacités.
Projet dual. ACTS, c'est d'une part un volet sécuritaire qui vise le développement de capacités de renseignement (via les populations locales) "sur ce qui se passe, et sur ceux qui passent, dans cette zone", de capacités d'intervention et de capacités de traitement judiciaire pour renforcer l'Etat de droit.
ACTS, c'est d'autre part, un volet développement associant la population ("les communautés" dirait l'amiral), proposant des alternatives aux trafics qui génèrent des revenus, accroissant la sécurité humaine (santé, éducation, alimentation) et permettant de développer des réseaux
L'idée développée par la DCSD, c'est de travailler à 3 niveaux:
- au niveau local, en mettant en synergie les différentes administrations nationales (police, douanes, santé, éducation etc) et en faisant remonter des informations vers les trois capitales concernées
- au niveau régional en multipliant les échanges bi/tri latéraux (pour éviter des doublons et mieux utiliser les ressources financières),
- au niveau international dans le cadre d'un projet collaboratif.
Mutualiser les soutiens. L'originalité de ce projet tient aussi dans la coordination des projet existants ou à venir. Si, pour l'heure, la réponse de Bruxelles est en cours d'élaboration, d'autres institutions internationales ont déjà chaleureusement accueilli l'idée; c'est la cas du PNUD, de l'UNDC et de la Banque mondiale (qui mène des produits pastoraux dans cette zone). L'UNCTED (contre-terrorisme) et le Département des opérations de maintien de la paix de l'Onu soutiennent aussi l'ACTS.
Des pays comme le Japon, la Canada, les USA, le Danemark, les Pays-Bas et bien sûr la France vont être associés, tout comme des ONG (on parle du Danish Demining Group) et des fondations (EDF pourrait être associé).
Le tempo d'ACTS. Le premier temps fort doit avoir lieu en février à paris, avec un séminaire de lancement.
Puis suivra un trimestre d'audits pour confirmer les besoins, percevoir le ressenti des populations etc. Trois autres mois permettront aux autorités des trois pays frontaliers de juger des priorités et de dresser la liste des projets à lancer dans la zone d'expérimentation initiale (voir la carte ci-dessus). Fin 2015, des microprojets seront mis en œuvre, avant le démarrage des chantiers plus lourds en 2016.
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