20 Janvier par Bruno Ripoche – Ouest France
Treize ans après les attentats du 11 septembre, Oussama Ben Laden est mort et al-Qaida affaibli. Mais personne ne peut crier victoire, car le groupe a fait des émules.
Al-Qaida (central)
Création : 1991. Chef : Ayman al-Zawahiri. Implantation : nord-ouest du Pakistan. Force : résiduelle.
Al-Qaida (la Base) est le réseau formé autour d'Oussama Ben Laden par les djihadistes internationaux que le Saoudien avait entraînés pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan (1979-1989). En 1991, après l'invasion du Koweït, Ben Laden offre de protéger les monarchies du Golfe contre Saddam Hussein. L'Arabie Saoudite l'éconduit, lui préférant des troupes américaines. Une présence « impie » pour Ben Laden, qui dès lors porte le combat contre l'Occident. Il culminera avec les attentats du 11 septembre 2001. Ben Laden mort, al-Qaida chassée de son sanctuaire afghan, la « base » est affaiblie, mais a essaimé.
Al-Qaida péninsule arabique
Création : 2009. Chef : Nasser al-Wuhaiyshi. Implantation : sud du Yémen. Force : un millier d'hommes.
Aqpa est née du regroupement, dans les montagnes du Yémen, de vétérans locaux du djihad en Afghanistan, rejoints par les rescapés de la répression qui suivit la campagne d'attentats de 2004 en Arabie Saoudite. En 2011, ils profitent de la révolte contre le président Saleh, et se taillent un fief dans le sud. Sous l'impulsion de l'Américano-yéménite Anwar al-Awlaki, tué en 2011 par un drone, Aqpa redonne priorité à la guerre contre l'Occident : elle recrute et forme des radicaux aux États-Unis et en Europe, comme les tueurs de Charlie Hebdo.
Al-Qaida au Maghreb islamique
Création : 2007. Chef : Abdelmalek Droukdel. Implantation : Algérie, nord du Mali et du Niger, sud de la Libye. Force : 1 500 hommes.
Aqmi est la réincarnation du GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, qui a prêté allégeance à al-Qaida, fin 2006, alors qu'il végétait, vivant du trafic de drogue sur la frontière malienne et d'enlèvements au Sahel. En 2012, une alliance des islamistes et des Touaregs s'empare de la moitié nord du Mali, avant d'être refoulée par l'armée française. Affaiblie, mais bénéficiant d'une base arrière en Libye, livrée au chaos depuis la chute de Kadhafi, Aqmi reste une menace, y compris pour la France.
Daesh
Création : 2013. Chef : Abu Bakr al-Baghdadi. Implantation : ouest de l'Irak, nord-est de la Syrie. Force : plus de 10 000 hommes.
L'État islamique (EI ou Daesh en arabe) émane de la « filiale » irakienne d'al-Qaida, rébellion sunnite contre l'occupation américaine en Irak, dirigée par l'islamiste jordanien Abou Moussab al Zarkaoui, tué en 2007. Son actuel chef, Abou Bakr al-Baghdadi, a tiré profit du chaos en Syrie pour y prendre pied. En avril 2013, ses partisans évinçaient les modérés de Raqqa, première ville syrienne conquise par l'opposition à Bachar al-Assad. Un an plus tard, renforcés par un afflux de djihadistes internationaux, ils reviennent en force en Irak, s'emparent de Mossoul et Bagdadhi se proclame caliphe d'un État islamique à cheval sur les deux pays, et prétend diriger le monde musulman.
Talibans
Création : 1994. Chef : mollah Omar. Implantation : sud de l'Afghanistan, est du Pakistan. Force : plusieurs milliers d'hommes.
Chassés de Kaboul par l'intervention occidentale qui suivit les attentats du 11 septembre, les talibans n'ont jamais disparu. Repliés dans le sud et l'est pachtoune du pays, ils ont attendu leur heure - le retrait de l'Otan en décembre 2014 - et l'on verra, à la fonte des neiges, s'ils repartent à l'assaut de Kaboul. Rien n'indique qu'ils prendraient le risque d'héberger, de nouveau, des djihadistes internationaux. De l'autre côté de la frontière, le Mouvement des talibans pakistanais, né en 2007 dans les zones tribales, protège ce qu'il reste d'al-Qaida, et mène une sanglante campagne contre le pouvoir d'Islamabad.
Boko Haram
Création : 2002. Chef : Abubakar Shekau. Implantation : nord du Nigeria. Force : plusieurs milliers de combattants.
Après la fin du régime militaire, en 1999, le prédicateur Mohamed Yusuf, un émule nigérian des talibans afghans, part en croisade contre l'influence occidentale - Boko Haram signifie, littéralement, « l'éducation occidentale est un péché ». Il est capturé en 2009 et sommairement exécuté. Ses successeurs déclarent une guerre totale à l'État, en vue d'instaurer l'ordre islamique dans le nord musulman. Les attentats sanglants se multiplient, contre les églises, les écoles, l'armée. Cette violence a fait plus de 5 000 victimes en 2014.
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