En décrochant le contrat égyptien, Dassault réaffirme son statut face à la concurrence européenne - photo Dassault
16/02 Alain Ruello / Chef de service adjoint – LesEchos.fr
L'Eurofighter est en retard sur le plan technologique et le Gripen ne boxe pas dans la même catégorie que le Rafale.
A Saint-Cloud, au siège de Dassault en proche banlieue parisienne, l'heure est évidemment à la fête. Depuis le temps… Mais le contrat égyptien n'est pas la seule raison de crier victoire. D'abord parce qu'il en appellera probablement d'autres. Le prochain sur la liste a de grandes chances d'être signé en Inde ou au Qatar. Et les Emirats arabes unis savent déjà tout ou presque de l'appareil. Les deux pays arabes ont pour point commun de devoir remplacer un jour où l'autre leurs Mirage 2000.
Si Dassault a de quoi se réjouir, c'est aussi parce que le contrat en Egypte fait de l'avionneur (et donc de la France), la puissance dominante en matière d'aéronautique de combat en Europe. S'il a déjà été exporté, et même bien avant le Rafale, l'Eurofighter traîne de fâcheux soupçons de corruption en Arabie saoudite et en Autriche, même si ce n'est pas le cas d'Oman.
Un succès tourné vers l'avenir
L'appareil fabriqué par le trio BAE-Airbus-Finmeccanica souffre d'un double handicap. D'abord, parce que ses quatre pays domestiques - Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne - ne veulent pas commander la totalité des exemplaires prévus au contrat. Les chaînes d'assemblage risquent donc de fermer dès 2017, à moins que des contrats à l'exportation ne prennent le relais.
Mais, et c'est là le second handicap, l'Eurofighter, est non seulement plus cher que le Rafale mais il est surtout en retard d'un point de vue technologique, au point d'avoir systématiquement perdu dans toutes les compétitions ouvertes dans lesquelles il a été engagé (le meilleur exemple étant l'Inde). Londres, Berlin, Madrid et Rome ont fini par lâcher de quoi le doter d'un radar moderne, mais ses grands concurrents en sont déjà dotés.
L'autre rival européen du Rafale, le Gripen du suédois Saab, est incontestablement un très bon appareil, qui se vend d'ailleurs relativement bien, mais qui ne joue pas dans la même division. Stockholm ne pouvant pas tout financer, l'industrie suédoise ne maîtrise pas l'ensemble des technologies liées aux avions de combat.
Dans ce contexte, Dassault sort renforcé vis-à-vis de BAE Systems dans leur partenariat pour préparer le système de combat aérien futur (piloté ou non), c'est-à-dire celui qui prendra le relais du Rafale et de l'Eurofighter.
Dans le cadre du traité franco-britannique de défense de Lancaster House, Paris et Londres financent à parité des études préliminaires aux deux industriels. Nous n'en sommes qu'au début d'un projet qui ne verra pas le jour avant 2025 au mieux. Et rien ne dit que l'alliance n'explosera pas en vol d'ici là. Mais au moins, Dassault a l'assurance que l'histoire du Rafale, elle, est loin d'être finie.
commenter cet article …