19/02/2015 Céline Limousin - DICoD
Le musée de l’Air et de l’Espace du Bourget poursuit son envolée grâce à un vaste projet de rénovation. Ces travaux visent à redonner à l’établissement tout son charme des années 30, pour le plus grand plaisir des visiteurs. L’occasion d’interviewer Catherine Le Berre, directrice marketing, ventes et communication.
Quels sont les principaux travaux menés au musée de l’Air et de l’Espace ?
Depuis 2011, le musée a entrepris de vastes travaux de rénovation de ses infrastructures. L’ancienne aérogare du Bourget, chef d’œuvre Art Déco, retrouvera son visage de 1937. Ce lieu mythique a accueilli un trafic commercial régulier jusqu'en mars 1981. La construction d’un nouveau hangar de réserves constitue également un chantier majeur en 2015 : il abritera les avions fragiles, construits en bois et en toile, ainsi que les nacelles d’aérostation. La tour de contrôle, à la structure unique et également en travaux, deviendra par ailleurs un lieu de visite.
Enfin, cette année, nous projetons d’ouvrir trois halls rénovés : la collection permanente Normandie Niemen, consacrée à une unité des Forces Aériennes Françaises Libres ; le hall de la Cocarde, où l’on trouve des avions qui ont équipé l’armée française après la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970 ; et le hall dédié à la guerre 39-45.
Pour rénover le musée, de quel budget disposez-vous ?
Grâce à une subvention exceptionnelle du ministère de la Défense, qui est son ministère de tutelle, le musée a reçu 21,5 millions d’euros en 2011 pour la rénovation de l’aérogare historique. Les industriels du GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) ont complété cette subvention via un mécénat de 5 millions d’euros destiné aux réserves. En parallèle, le musée dispose de budgets d’investissement annuels. Nous avons aussi des mécènes qui s’engagent aux côtés du musée pour rénover d’autres espaces. L’année 2014 a été particulièrement favorable, avec une hausse de 50 % des soutiens extérieurs et mécénats.
Quel a été le bilan de l’année 2014 ?
Cette année a été exceptionnelle. C’était l’aboutissement des efforts de toute l’équipe du musée, face à une baisse de fréquentation. Il fallait absolument réagir pour freiner cette érosion. Toutes nos actions de développement de la notoriété du musée ont porté leurs fruits. En 2014, la fréquentation a augmenté de 25 % par rapport à 2013, avec 268 000 visiteurs accueillis. Nous nous sommes appuyés sur des partenaires, dont les principaux revendeurs de billetterie présents sur le marché européen. Le musée a entamé cette ouverture numérique et je pense que c’est l’une des principales raisons de l’augmentation de fréquentation. Le musée gagne en attractivité parce qu’il maintient sa créativité en éveil et parce qu’il veille à sa notoriété.
Quels sont les enjeux à venir ?
Le musée de l’Air et de l’Espace s’inscrit dans le cadre du projet du Grand Paris, qui est un projet d’aménagement à l’échelle de la grande métropole. Le musée sera au cœur de l’un des points forts de ce projet qui s’aligne sur l’axe Roissy-Le Bourget. Ici, le musée est situé sur un site vivant, le premier aéroport d’affaires d’Europe. Il apporte une offre culturelle majeure dans cette zone aéronautique. Le Grand Paris Express desservira le musée et l’aéroport. Dans les années à venir, le musée va jouer un rôle très important d’articulation dans ce développement économique francilien en lien avec le tissu local, mais également avec toute la population qui va circuler sur le territoire et qui viendra, entre autre, se détendre ou s’instruire au musée.
Musée de l’Air de l’Espace, «côté coulisse ».
- La rénovation de la tour de contrôle, un lieu mythique,
Le bâtiment de l’aérogare épouse une forme plutôt originale, puisqu’elle ressemble à un paquebot. Au centre de l’ancienne aérogare se trouve la tour de contrôle. Elle forme une avancée sur la façade et était comparée à la vigie d’un navire. Les travaux de rénovation s’achèveront en 2017 et à l’horizon 2020, la tour de contrôle deviendra un musée de la navigation aérienne.
- Une pépite du musée : le Goliath
Le musée de l’Air et de l’Espace possède l’unique exemplaire du Farman Goliath. « Au musée, nous n’avons conservé que le fuselage (la nacelle) alors que c’était un superbe biplan. Le Goliath est un bombardier de la guerre 14-18 qui a été reconverti pour le transport de passagers. Les premières liaisons ont débuté en 1919, Paris-Londres et Paris-Bruxelles. A l’intérieur, on trouve une particularité de cet avion l’avion possède une petite particularité : les sièges sont en osier et la tête du pilote n’est pas abritée. Il pouvait sentir le vent et le froid quand il pilotait. C’était une véritable aventure pour le pilote et pour les passagers », détaille un membre du musée de l’Air et de l’Espace. Et d’ajouter : « Pour monter dans cet avion, il fallait avoir un certain goût du risque. Le transport aérien était à ses balbutiements ».
- La maquette à l’échelle 1 de Philae
En novembre 2014, après 10 ans de croisière interplanétaire, la sonde Rosetta a largué l’atterrisseur Philae sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, à plus de 400 millions de kilomètres de la Terre. La mission Rosetta est une grande première mondiale qui place l’Europe et la France aux avant-postes de l’exploration du système solaire. A cette occasion, une maquette à échelle 1:1 de Philae, baptisée Philea, est présentée dans le hall de l’Espace. Cette maquette grandeur nature a été réalisée par des élèves en BTS et leurs professeurs dans le cadre d’un projet collaboratif inter-académique entre le Centre national d’études spatiales (CNES) et les académies de Créteil, Versailles, Paris et Limoges. Cette maquette est opérationnelle : elle peut, entre autres, déployer son train d’atterrissage, sonder le sol ou prendre des photos de son environnement. Elle sera visible au musée jusqu'en décembre 2015.
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