02 fév. 2015 Par Snøball - Norvege-fr.com Source : Aftenposten
D'après l'amiral Haakon Bruun-Hanssen, chef d'Etat-major, si l'armée norvégienne doit pouvoir intervenir en urgence avec quelque ampleur, il faut soit injecter dans la défense de grandes sommes d'argent, soit la reconstruire en profondeur. Depuis 2005 jusqu'à aujourd'hui, l'armée norvégienne traverse une forte réforme structurelle, du statut de grande force armée de mobilisation pour la défense à celui de petite armée d'intervention, faite pour gérer des menaces à court terme et participer aux opérations de l'ONU ou de l'OTAN. Mais cette nouvelle armée n'est pas suffisante au regard des menaces qui entourent la Norvège aujourd'hui, tant pour ce qui regarde le temps de réaction que le degré d'entraînement, les effectifs et les moyens financiers de mettre en place le nouvel outil opérationnel que les circonstances demandent.
C'est le message parfaitement clair du chef d'état-major actuel, qui a tenu la semaine dernière une conférence à Oslo, où il n'a pas manqué de souligner que l'année 2014 avait été sombre pour la sécurité européenne. La Russie a considérablement augmenté sa présence militaire en mer Baltique, en Mer Noire et dans les régions nordiques; la Norvège devrait en proportion renforcer sa présence dans ces régions, en patrouilles maritimes et aériennes. Si on attend trop pour le faire, une telle augmentation pourrait être interprétée, dans un contexte éventuellement devenu très tendu, comme une provocation. Aura-t-on les crédits pour cela ? Déjà, cette année, la surveillance n'a pas été relâchée lors des fêtes de Noël, comme on en avait pris l'habitude - les Russes fêtent en effet Noël un peu plus tard, selon le calendrier orthodoxe.
De manière générale l'armée norvégienne est actuellement dimensionnée pour les besoins de l'entraînement, beaucoup plus que pour une activité vraiment opérationnelle. Quand la Norvège doit fournir des contingents dans le cadre des opérations de l'OTAN, il faut prendre cela sur les temps et crédits consacrés à l'entraînement. "Nous sommes un peu comme le paysan qui mangerait ses semences" commente le chef d'Etat-major.
Le problème des crédits est récurrent. Quand on s'est aperçu qu'il y avait des fentes dans les réacteurs des chasseurs F16, l'arme la plus importante de la Norvège, l'argent des réparations (qui se chiffraient en centaines de millions de couronnes) a dû être pris sur le budget consacré aux autres secteurs de la défense. Beaucoup de dépenses d'équipement programmées sont ajournées. Aujourd'hui, la défense aérienne norvégienne est très faible. L'investissement dans de nouveaux avions de chasse a été repoussé au-delà de 2017. De plus, la Norvège est aujourd'hui très mal équipée pour faire face à la menace grandissante des missiles à longue portée de précision.
Le général Bruun-Hanssen a aussi déclaré que l'armée ne parvenait pas comme demandé à économiser 640 millions de couronnes en quatre ans. En 2016, elle manquera donc de 320 millions de couronnes pour son fonctionnement. Faudra-t-il, à l'image du Danemark qui il y a quelques années abandonnait complètement les sous-marins, faire des coupes sombres dans le système de la défense nationale ? On parle de vendre plusieurs bases et ensembles d'immeubles occupés par l'armée aujourd'hui pour faire face aux dépenses. Elle en sortira si affaiblie qu'il faudra choisir entre les activités de l'OTAN et la défense du pays. Or l'OTAN accepterait mal de se priver du concours norvégien, dont l'importance augmente avec le temps.
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