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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 12:55
Le baume de la Foi



6/03/2015 Cne Laetitia Perier  - DICOD

 

Le père Danel exerce son activité d’aumônier au sein de l’armée française depuis 2008. Lors de ses séjours sur les théâtres d’opérations, ses capacités d’écoute et d’empathie sont des réconforts essentiels pour les soldats troublés par les épreuves de la guerre.

 

Né un 11 novembre dans un petit village du nord de la France, le père Jean-Jacques Danel pouvait-il échapper à l'univers de la guerre ? Ce qui est sûr, c’est que ses origines familiales le prédisposaient à devenir aumônier militaire. Du côté paternel, des soldats et des pompiers ; du côté maternel, des tantes et des oncles religieux. Pourtant, sa rencontre avec l’armée se fait tardivement, comme son entrée en religion. Il exerce d'abord le métier d'assistant social durant quatre ans. Puis, alors que sa foi s’affirme, il décide d’entrer à 27 ans au séminaire, toujours avec cette volonté d’être au service des autres.

C’est à ce moment que, parallèlement à ses études pour devenir prêtre, il se découvre une passion : l’histoire de l’art. « Je me suis rendu compte que passer par une image était parfois plus simple pour parler de spiritualité qu’un long discours, car l’image parle d’elle-même », explique-t-il. En complément des cours du séminaire, il décide donc de suivre des études dans cette discipline et se spécialise dans le lien entre peinture et spiritualité. Deux sujets en particulier attirent son attention : la peinture de Claude François, plus connu sous le nom de frère Luc, un franciscain du xviie siècle, et les vitraux patriotiques. « Après la Première Guerre mondiale, de nombreux vitraux représentant le Christ, la Vierge ou les saints consolant les blessés sur les champs de bataille ou emmenant les âmes des soldats morts ont été posés dans les églises. Ces représentations sont intéressantes,car elles mêlent mondes militaire et religieux. Derrière chacune d’entre elles, j’ai pu découvrir des histoires familiales touchantes. Un peu comme un gendarme, je mène une enquête pour trouver la petite histoire derrière la grande. »

 

L’aumônier militaire est une des personnes à qui l'on peut se confier, comme le psychologue ou l'assistant social

 

Le baume de la Foi

 

Devenu franciscain après avoir été -ordonné prêtre en 1992, c’est justement dans la gendarmerie que le père Danel prend ses fonctions d’aumônier militaire en 2008. Un souhait qu’il réalise par fidélité à la mémoire de son père, après la mort de ce dernier. « à l’âge de 17 ans, il avait rejoint la France libre et combattu au sein du 4e régiment des tirailleurs tunisiens. Il en était resté profondément militaire. C’était donc une évidence pour moi de reprendre d’une certaine manière le flambeau. » Dans la caserne de Villeneuve-d’Ascq, il découvre son nouveau rôle : « L’aumônier tient une place très particulière dans le monde militaire, il porte un uniforme, mais n’a pas de place dans la hiérarchie, il a un grade, mais, en même temps, il a le grade de celui à qui il parle. C’est une des personnes à qui l'on peut se confier, comme le psychologue ou l’assistant social. On n’est jamais trop nombreux à s’occuper des gens. »

Changement de décor en 2010, direction l’Afghanistan. Sa première opération extérieure est « un choc ». Basé à Kaboul, il se déplace avec casque lourd et gilet pare-balles sur tous les camps où se trouvent des militaires français, découvre une autre armée, officie pour les célébrations religieuses lors des huit décès qui surviennent pendant ses six mois de présence là-bas.

En 2013, il part pour le Mali : l’opération Serval vient d'être déclenchée. Il se partage entre Bamako et Gao. Puis il arrive à Tessalit, où le général Barrera, commandant la composante terrestre de Serval, le demande auprès de ses hommes. « Je n’ai jamais autant ressenti d’attente de la part des militaires, se souvient le père Danel. Très marqués par les combats, ils avaient besoin de parler de ces camarades qu’ils avaient vu mourir ou de ces enfants soldats qu’ils avaient trouvés en face d’eux. Ils se posaient des questions sur le sens de la vie. “Pourquoi suis-je vivant, padre ?”, “Pourquoi moi et pas mon camarade ?”, “Est-ce Dieu qui m’a protégé ?” Là, il faut savoir être à l’écoute et soutenir. » Le général Barrera confirme : « Par sa simplicité, sa foi profonde et sereine et son œil bienveillant, il nous a aidés à surmonter les horreurs de la guerre. Avant les départs au combat, les gars venaient prendre les médailles ou les croix qu’il distribuait volontiers. Ils ressentaient le besoin d’avoir un lien spirituel face à la mort… »Aujourd’hui, le père Danel s’apprête à repartir, en Côte d’Ivoire cette fois-ci. Il y poursuivra sa mission qu’il résume ainsi : « Être aumônier militaire, c'est avant tout être avec. »

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