11/03/2015 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Après des années d'incertitudes, l'horizon semble se dégager pour Dassault Aviation. Le groupe se prépare un avenir prometteur.
Chez Dassault Aviation, dirigeants et salariés ont "la banane" actuellement. Il faut dire aussi que tous les clignotants de l'avionneur sont au vert : le Rafale a obtenu son premier contrat export en février, le renouvellement de la gamme Falcon dans l'aviation d'affaire (5X et 8X) se poursuit sans anicroche majeure, avec notamment le premier vol 8X le 6 février dernier et, enfin, les commandes de Falcon (90 appareils) sont supérieures aux livraisons (66) pour la première fois depuis 2008. Bref, la maison Dassault voit la vie en rose... d'autant plus qu'elle a même réussi à gagner la confiance du Chef de l'Etat François Hollande. Ce qui était loin d'être acquis en 2012.
Dassault Aviation a annoncé mercredi viser environ 65 livraisons d'avions d'affaires Falcon en 2015 mais anticiper une hausse de son chiffre d'affaires cette année. Il compte en outre livrer cette année huit avions de combat Rafale (5 à la France, 3 à l'Égypte), contre 11 habituellement. "La chaine de fabrication Rafale sera maintenue à la cadence de 1 avion par mois, mais en raison de l'adaptat ion des livraisons Rafale Égypte, nous devrions livrer 8 Rafale en 2015", a expliqué Dassault Aviation dans un communiqué publié ce mercredi.
Des commandes en hausse en 2014
Cerise sur le gâteau, Dassault Aviation, après une année de transition en 2014 avec des résultats financiers plus que mitigés, se prépare à de nouvelles belles années. Ainsi, les prises de commandes, dont 89% ont été gagnées à l'export, se sont élevées à 4,6 milliards d'euros (contre 4,1 milliards en 2013). Les commandes de Falcon ont beaucoup progressé à 90 appareils l'an dernier (contre 64 en 2013). "Le marché d'avions civils repart", a d'ailleurs confirmé le PDG de Dassault, Eric Trappier.
En revanche, celles dans la défense ont diminué de près de moitié, à 693 millions d'euros (contre 1,25 milliard en 2013). Une baisse qui s'explique par d'importantes prises de commandes de la part du client France en 2013 : nouveau standard du Rafale F3-R, qui sera livré en 2018 avec le missile air-air longue portée Meteor, le Pod de désignation laser nouvelle génération et la version à guidage terminal laser de l'AASM et, d'autre part, rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique 2. En 2014, les commandes ont plutôt porté sur de l'après-vente et du développement.
Du coup, le carnet de commandes est en hausse et s'est élevé au 31 décembre 2014 à 8,2 milliards d'euros (contre 7,37 milliards au 31 décembre 2013). Le fameux "book t o bill" (ratio prise de commandes et chiffre d'affaires) est positif et ressort à 1,26 en 2014. Il profite, en particulier, des commandes des Falcon 5X et 8X, les nouveaux programmes hauts de gamme de Dassault Aviation. En outre, le contrat Rafale en Egypte est entré en vigueur et sera dans les prises de commandes 2015. "Nous avons reçu le premier acompte lundi. Le contrat est effectif depuis lundi", a indiqué le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier.
Des résultats économiques et financiers en baisse
Dassault Aviation a finalement été rattrapé par la morosité du marché de l'aviation d'affaires ces dernières années. Ainsi le chiffre d'affaires 2014 est en forte baisse, à 3,6 milliards (contre 4,6 milliards en 2013). Les livraisons de Falcon ont diminué en 2014 (66 avions livrés contre 77 en 2013). Soit un chiffre d'affaires de 2,6 milliards (contre 3,1 milliards en 2013). En outre, celui dans la défense est également en baisse (995 millions contre 1,4 milliard en 2013) même si Dassault Aviation a livré comme prévu 11 Rafale aux armées au cours de l'exercice 2014 à l'image de l'année précédente. L'avionneur avait enregistré en 2013 la facturation du programme du démonstrateur du drone de combat, Neuron.
Le bénéfice opérationnel a atteint 353 millions d'euros (contre 498 millions d'euros en 2013). Du coup, la marge opérationnelle s'est aussi érodée en s'établissant à 9,6% du chiffre d'affaires (contre 10,9% en 2013). Pourquoi? Le niveau de Recherche et Développement autofinancés de 488 millions d'euros (contre 482 millions en 2013) a représenté 13,3% du chiffre d'affaires (contre 10,5% en 2013). "Cela explique, pour l'essentiel, la diminution de la marge opérationnelle, a expliqué Dassault Aviation dans son communiqué. L'amélioration de la parité dollar/euro à la clôture (1,21 dollar/euro contre 1,38 dollar/euro) et du taux de couverture (1,25 dollar/euro, contre 1,26 dollar/euro) vient atténuer cette diminution".
Une trésorerie fortement mise à contribution
La trésorerie disponible consolidée s'est élevée à 2,4 milliards d'euros fin décembre (contre 3,7 milliards au 31 décembre 2013). "Cette diminution s'explique principalement par l'achat d'actions propres pour un montant de 934 millions d'euros, l'augmentation de 608 millions d'euros du besoin en fonds de roulement liée à la croissance des stocks et en-cours, le versement de 90 millions d'euros de dividendes, partiellement compensés par la capacité d'auto-financement générée par l'activité au cours de l'exercice (+ 331 millions d'euros)", a expliqué l'avionneur.
Le conseil d'administration de Dassault Aviation, réuni le 28 janvier 2015, a décidé de mettre en œuvre un nouveau programme de rachat d'actions. La part maximale du capital dont le rachat a été autorisé par l'assemblée générale des actionnaires du 28 janvier 2015 est de 10 % du nombre total des actions composant le capital de la Société. Ce qui devrait affecter une nouvelle fois la trésorerie de l'avionneur, qui voit toutefois à long terme. Notamment il compte annuler ces actions rachetées afin d'accroître la rentabilité des fonds propres et le résultat par actions. En outre, il souhaite augmenter la part du flottant pour mieux refléter les fondamentaux de la société.
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