Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a obtenu 9 milliards de crédits bdugétaires supplémentaires sur la période 2015-1019 - photo MinDefFr
21/05/2015 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a obtenu de François Hollande 9 milliards d'euros de crédits bdugétaires supplémentaires sur la période 2015-2019 : 5,2 milliards de recettes exceptionnelles transformés en crédits budgétaires et 3,8 milliards de rallonge.
Jean-Yves Le Drian est un alchimiste. Un ministre de la Défense qui transforme le plomb en or, et plus précisément qui transforme d'aléatoires recettes extra-budgétaires en "solides" crédits budgétaires. Car la nouvelle trajectoire financière de la loi de programmation militaire (LPM) parle d'elle-même. Grâce aux arbitrages qu'il a obtenu du Chef de l'Etat François Hollande et qui ont été validés mercredi en conseil des ministres, le budget de la défense apparait beaucoup plus solide que précédemment, la plupart des recettes extra-budgétaires (REX) ayant été supprimées : 930 millions d'euros au lieu de 6,15 milliards à trouver sur la période 2015-2019. Soit 5,25 milliards d'euros de REX transformés en bons vieux crédits budgétaires ni plus, ni moins. En 2015, l'Hôtel de Brienne ne devra trouver que 230 millions d'euros de REX, contre 2,37 milliards précédemment.
Le pari gagné sur les exportations
Les ressources totales consacrées par l'Etat au budget de la défense s'élèvent sur la période 2015-2019 à 162,41 milliards, dont 930 millions de REX. Soit 3,8 milliards d'euros de plus par rapport à la trajectoire initiale de la LPM 2014-2019. Car Jean-Yves Le Drian a également obtenu une rallonge budgétaire de 3,8 milliards à l'occasion de la réactualisation de la LPM, un rendez-vous initialement prévu en fin d'année mais qui a été avancé en raison du haut niveau des menaces terroristes. Du jamais vu, se réjouit-on dans l'entourage du ministre de la Défense. Bref, tout va pour le mieux à l'Hôtel de Brienne, qui joue toutefois profil bas pour ne pas trop réveiller rancœurs et/ou convoitises.
Le ministère a en outre d'ores et déjà gagné son pari d'exporter le Rafale, un pari qui pesait pour 4 milliards sur la LPM, et le programme de frégates FREMM. La France a concrétisé des commandes à l'exportation de l'avion de combat de Dassault Aviation en Égypte et au Qatar, et prochainement en Inde. De même, la livraison d'une FREMM à l'Égypte en 2015 permet d'optimiser la charge des chantiers concernés et de soulager le budget. "Après 4,7 milliards d'euros de prises de commande à l'export en 2012, puis 6,9 milliards en 2013 et enfin 8,2 milliards en 2014, nous pourrions dépasser les 15 milliards en 2015", explique le ministère de la Défense. Ce qui devrait être un record très difficile, voire impossible, à battre à l'avenir.
3,8 milliards d'euros supplémentaires à dépenser
Que va faire le ministère de la Défense de la rallonge budgétaire de 3,8 milliards d'euros? Tout est déjà fléché ou presque, dans le jargon des financiers. L'hôtel de Brienne va consacrer 2,8 milliards d'euros à la moindre déflation des effectifs de 18.750 postes sur les 33.675 prévus initialement. Cette somme sera consacrée aux effectifs et aux coûts de fonctionnement liés à ces emplois. En outre, le nouveau contrat "Protection" implique le déploiement pendant au moins un an de 7.000 hommes issus des forces terrestres sur le territoire national, et pouvant monter jusqu'à 10.000 hommes pendant un mois.
En outre, 500 millions d'euros supplémentaires seront dévolus sur la période 2016-2019 à l'entretien des matériels, éprouvés par les nombreuses opérations extérieures (OPEX). Actuellement, 9.000 hommes et 25 avions de combat sont engagés dans les OPEX, contre 7.000 et 12 appareils prévus initialement. Enfin, 500 millions d'euros, auxquels il faut rajouter 1 milliard d'euros de redéploiements budgétaires en raison d'une évolution favorable des indices économiques (inflation par exemple), sont prévus pour l'achat de nouveaux matériels en vue de "répondre à certaines urgences opérationnelles", indique-t-on au sein du ministère de la Défense.
Des hélicoptères, des C130, de nouvelles frégates...
Avec cette enveloppe de 1,5 milliard d'euros, les armées ont déjà prévu d'acheté sept hélicoptères d'attaque Tigre supplémentaires et une augmentation des cadences de livraison des NH90 pour les forces terrestres (avec l'achat de 6 NH90 supplémentaires) afin d'accélérer l'adaptation de la flotte des hélicoptères aux exigences des opérations aéroterrestres sur la bande sahélo-saharienne notamment. En outre, le ministère va avancer la livraison des trois derniers avions ravitailleurs MRTT pour des livraisons échelonnées entre 2018 et 2025, dans le but de maîtriser le risque d'un arrêt brutal d'une flotte actuelle de KC135 dont la moyenne d'âge est déjà très élevée (51 ans).
Le ministère étudie actuellement la mise à disposition (acquisition ou location) d'une capacité de quatre appareils supplémentaires de transport fabriqués par Lockheed Martin, les C130, dont deux équipés pour pouvoir ravitailler en vol les hélicoptères. Ils doivent répondre aux besoins accrus de mobilité sur les théâtres du fait de la multiplication des opérations et des fortes élongations de la bande sahélo-saharienne notamment et surtout aux aléas des livraisons de l'A400M. Il est également prévu un armement pour deux C130 (missile air-sol Griffin de Raytheon). En outre, l'armée de l'air programme l'achat de 25 nouveaux pods de désignation laser TALIOS pour les Rafale et Mirage 2000 au titre du renforcement de sa capacité d'intervention.
Par ailleurs, cette enveloppe va permettre d'avancer le programme de Frégates de taille intermédiaire (FTI), complémentaires des FREMM, pour un objectif de première livraison en 2023 à la marine nationale. Dans la phase de transition qui accompagnera la livraison
de ces nouvelles frégates, les frégates furtives FLF seront rénovées au fil de leurs arrêts techniques programmés. Cette rénovation comprendra notamment l'ajout d'un sonar.
La marine a également obtenu la livraison d'un quatrième bâtiment de type B2M (Bâtiment multimission) destiné à renforcer la capacité de la France à faire respecter sa souveraineté dans le sud-est de l'océan Indien et qui sera basé à La Réunion. Il est enfin prévu l'acquisition patrimoniale de quatre bâtiments de servitude BSAH au total (Bâtiment de Soutien et d'Assistance Hauturier), en soutien de l'action de nos moyens navals dans la surveillance de nos approches maritimes métropolitaines.
Des crédits pour le renseignement et la cyberdéfense
Le renseignement n'est pas oublié. Les moyens seront renforcés pour faire face à la menace actuelle. Plus de 650 personnes supplémentaires rejoindront les services de renseignement tandis que près de 520 personnes renforceront les effectifs dans les activités de cydersécurité. Ce recrutement sur la période 2014-2019 est une "amplification de notre effort dans la cyberdéfense, pour suivre l'évolution des pratiques de nos adversaires dans l'espace numérique, ainsi que le renforcement des organisations et des capacités d'analyse et de surveillance du ministère", explique-t-on dans l'entourage du ministre.
La France renforce ses capacités d'observation spatiale avec l'acquisition d'un troisième satellite, en coopération avec l'Allemagne, dans le cadre du programme MUSIS. Elle va acquérir une charge utile ROEM (Renseignement d'Origine Electromagnétique) pour renforcer les capacités des drones Reaper. Ce qui permettra de renforcer l'appui des soldats sur les théâtres d'opérations.
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