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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 11:20
L’épuisement des pilotes de drones américains force le Pentagone à ralentir le rythme

La société CAE de Montréal continuera à former les équipages des drones MQ-1 Predator/MQ-9 Reaper de l’USAF de l’Armée de l’air américaine. Ici, un Predator (Archives/CAE/USAF)

 

17 juin 2015 par Bastien Duhamel – 45eNord.ca

 

Victime de l’enthousiasme des autorités militaires vis à vis de l’utilisation des drones en théâtre d’opération, les pilotes de ces appareils sont sujets à un épuisement professionnel qui pousse le Pentagone à revoir à la baisse le nombre de leurs sorties aériennes.

 

A l’image de l’attaque de drone qui a conduit à l’élimination du haut responsable yéménite d’Al-Qaïda au Mahgreb  islamique le 5 juin dernier, Washington a eu abondamment recours à l’utilisation de drones lors de ces dernières années afin de mener à bien ses missions à travers le Moyen-Orient.

Le déploiement de ces plateformes aériennes pour accomplir des éliminations présentées comme « ciblées » présente toutefois son lot de controverses et détracteurs. Incarnation technologique d’une guerre asymétrique, nombreux sont ceux qui dénonce la lâcheté de ces méthodes et l’ampleur de leurs dégâts collatéraux passés sous silence.

Insistant sur les limites opérationnelles, un ancien responsable de la CIA estimait en juin dernier que le recours massif aux drones revenait «au mieux à tondre la pelouse», c’est-à-dire priver les organisations terroristes visées de chefs remplaçables sans les désorganiser durablement.

La tendance à la substitution des forces armées au sol par des drones armés dans la lutte contre les organisations terroristes atteindrait-t-elle donc ses limites ?

C’est en tout cas ce que semble indiquer un article du New York Times du mercredi 17 juin, selon lequel l’armée de l’air américaine aurait commencé à réduire le nombre quotidien de sorties de ces aéronefs sans personne à bord.

Le nombre de sorties quotidiennes des drones américains serait passé de 65 à 60 selon cette source.

En cause, un épuisement professionnel de plus en plus prégnant chez les pilotes de drones qui doivent faire face à de plus en plus de sollicitations sans avoir vu leurs effectifs augmenter en conséquences.

Le colonel James Cluff, responsable de la base de Creech dans le Nevada d’où opèrent les pilotes de drone était déjà revenu sur cette diminution en mai expliquant qu’il s’agissait de maintenir les équipes de pilotes «en bon état».

En réalité, les opérateurs de drones sont surtout victimes des succès et de l’enthousiasme militaires entourant les appareils qu’ils contrôlent à distance.

Une diminution conjoncturelle des sorties américaines qui ne doit pas manquer de nous faire prendre conscience de la tendance structurelle de l’utilisation exponentielle de ces aéronefs sans pilotes à des fins de surveillances, d’assistance des troupes au sol ou d’élimination «ciblées».

En effet, il semble que les Etats-majors américains tout comme israéliens, également champions en la matière, développent une véritable addiction à ces plateformes aériennes qui minimisent les risques pour les soldats déployés à l’étranger.

Le nombre de missions américaines «Combat Air Patrol»  a quasiment doublé entre 2008 et 2014. Selon les chiffres donnés par le quotidien new-yorkais, les Predator et Reaper ont effectué 3 300 sorties et tiré 875 missiles depuis le mois d’août.

 

Stress et pressions psychologiques exacerbés pour les opérateurs de drone

Dans un rapport paru en 2013, le Pentagone avait montré que les pilotes de drones subissaient les mêmes pressions psychologiques que les pilotes d’avions de guerre.

Il semble qu’une nouvelle enquête interne pointe du doigt le stress chez les pilotes de drones lié aux risques de dommages collatéraux.

Par ailleurs, le décalage profond entre le vie quotidienne de l’opérateur demeurant dans son pays et ses missions de combats se déroulant à des centaines de kilomètres s’avère également être un véritable facteurs de déstabilisation psychologique

Ajoutons à cela un possible sentiment de culpabilité de se tenir si loin du théâtre d’opération et éloigné de ses frères d’armes et nous avons a un bref aperçu des tensions psychologiques auxquelles sont confrontées les opérateurs de drones.

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