16.07.2015 LeFigaro.fr
Quatre suspects, âgés de 16 à 23 ans, projetaient de filmer la décapitation d'un haut gradé. Le plus jeune a été libéré, car il avait été écarté du projet.
Un projet d'attentat voulant frapper l'armée française d'une atroce manière a été déjoué à la veille de la fête nationale sur notre territoire. Cette visée terroriste, si elle avait été menée à terme, aurait été une première du genre, sachant que nos soldats ont déjà été pris pour cibles, notamment lors de gardes statiques devant un bâtiment juif à Nice en février dernier. En l'espèce, le commando islamiste mis hors d'état de nuire, lundi, voulait filmer, à l'aide d'une caméra portative de type GoPro la décapitation d'un haut gradé.
L'affaire est d'une telle gravité qu'elle a été éventée de façon inopinée, mercredi, par François Hollande, en marge d'une visite officielle à Marseille en compagnie de son homologue mexicain, Enrique Pena Nieto. Bernard Cazeneuve a révélé dans la soirée que le groupe des supposés djihadistes a été démantelé lundi 13 juillet à l'aube. Il est composé de quatre hommes de 16 à 23 ans, parmi lesquels figure un ancien militaire réformé de la Marine nationale, simultanément interpellés dans le Nord, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et les Yvelines. Le plus jeune des suspects, âgé de 16 ans, a été remis en liberté mercredi soir, car il avait été écarté du projet. Lors de leur garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, les protagonistes ont reconnu, selon les dépositions, vouloir passer à l'action entre décembre 2015 et janvier 2016. Leur intention était de pénétrer sur une base qu'ils avaient repérée dans le sud de la France, de prendre en otage le chef de corps avant de filmer leur acte moyenâgeux et le diffuser sur les réseaux sociaux.
Sur la base d'informations précises de la DGSI, le parquet de Paris a ouvert dès le 23 juin dernier une enquête préliminaire pour «association de malfaiteurs en vue de procéder à un acte terroriste». Le principal instigateur avait été détecté en raison de son activisme sur les réseaux sociaux et, selon l'hôte de la Place Beauvau, dans le «relationnel de djihadistes français aujourd'hui incarcérés». Il avait été signalé aussi en raison de ses «velléités de départ vers la Syrie». Tracé à la loupe, il avait fait l'objet d'un «entretien administratif» mené par les services. En criblant son entourage, les policiers ont pu identifier ses trois complices, dont le marin réformé, présenté de source informée comme «l'un des deux meneurs de la cellule». Lors des perquisitions, les enquêteurs ont confisqué des ordinateurs ainsi que des téléphones mobiles dont le contenu est présenté comme «très intéressant». Les sources proches du dossier n'indiquaient pas si les islamistes présumés étaient en lien avec un groupe terroriste basé en zone irako-syrienne, voire téléguidés à la manière de Sid Ahmed Ghlam, principal suspect dans le projet d'attentats déjoués visant au moins une église à Villejuif (Val-de-Marne) en avril dernier.
Cinq attentats déjoués
«Toutes les semaines, nous arrêtons, nous empêchons des actes terroristes», a insisté Bernard Cazeneuve, confirmant les propos du chef de l'État lors de son traditionnel entretien du 14 Juillet. Manuel Valls avait annoncé le 23 avril que cinq attentats avaient été déjoués depuis janvier. Après avoir souligné qu'«aucun lien ne peut être établi à ce stade avec les faits qui se sont récemment déroulés dans les Bouches-du-Rhône», à savoir les explosions criminelles sur le site pétrochimique de Berre-l'Étang et le vol d'explosifs dans un dépôt de l'armée à Miramas, Bernard Cazeneuve a déclaré que «ce sont désormais 1850 Français ou résidents habituellement en France qui sont aujourd'hui impliqués dans des filières djihadistes, dont près de 500 présents en Syrie ou en Irak». Sur le plan de la prévention, 2500 radicaux, repérés depuis la création du numéro vert il y a près d'un an et demi, font tous l'objet d'un suivi spécifique. L'opération de lundi porte à 326 le nombre de suspects interpellés dans des filières djihadistes depuis 2012. Parmi eux, figurent 188 mis en examen, dont 126 écroués. C'est-à-dire autant de fanatiques qui allaient potentiellement frapper la France
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