11 septembre 2015 Romandie.com (AFP)
Paris - La France est inquiète face aux informations selon lesquelles la Russie procède à un renforcement de ses moyens militaires en Syrie, a indiqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, jugeant qu'il ne fallait pas ajouter la guerre à la guerre.
Ça m'inquiète. Mon collègue (russe) Sergueï Lavrov a démenti mais ça m'inquiète car j'ai eu John Kerry (le secrétaire d'Etat américain) au téléphone qui m'a dit qu'il avait des renseignements en ce sens. Ce n'est pas en ajoutant de la guerre à la guerre qu'on va arriver à une solution, a déclaré M. Fabius jeudi soir à la chaîne de télévision France 3.
Interrogé vendredi matin sur BFMTV/RMC, le ministre des Affaires étrangères a assuré qu'il allait évoquer le sujet samedi, lors d'une rencontre à Berlin, avec son homologue russe. Je vais en discuter avec M. Lavrov. Ne faisons pas de procès d'intention, on verra ce qui se passe, a-t-il dit.
S'il s'agit d'armement, les Russes livrent traditionnellement des armements aux Syriens, a-t-il ajouté. S'il s'agit de personnels, là il faut essayer de comprendre quelle est la finalité. S'il s'agit de défendre la base de Tartous, pourquoi pas, puisque vous savez que les Russes ont une base à Tartous. Mais si c'est dans une perspective offensive, offensive contre qui ?
Une rencontre des ministres des Affaires étrangères des quatre pays du format Normandie (France, Allemagne, Ukraine, Russie) est prévu à Berlin samedi, pour discuter de la situation en Ukraine. C'est en marge de cette rencontre que M. Fabius et Lavrov devraient donc évoquer la Syrie.
La solution à la crise en Syrie est politique et il faut arriver à un accord avec d'un côté des éléments du régime de Bachar al-Assad, qui ne sont pas des enfants de coeur, et l'opposition, a précisé le ministre, réitérant la position française. Il a souhaité qu'Américains, Russes, Iraniens, etc contribuent positivement à la recherche de cette solution.
La Russie a défendu jeudi l'envoi de matériel militaire à la Syrie de Bachar al-Assad, dont l'armée est en grande difficulté à la fois face à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) dans le nord-ouest et l'est du pays.
Mais Moscou a rejeté dans le même temps des accusations américaines faisant état d'un déploiement récent de matériel et de soldats près de Lattaquié, le fief du président Assad.
La Russie ne prend actuellement aucune mesure supplémentaire de renforcement de sa présence en Syrie, avait affirmé jeudi M. Lavrov.