Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 11:55
La France réussit à nouveau un tir du missile balistique M51

Plus de deux ans et quatre mois, le ministère de la Défense a réussi le 7e tir d'essai du missile balistique stratégique M51 - photo DGA Essais de missiles

 

30/09/2015, Par Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Plus de deux ans après l'échec de mai 2013, le ministère de la Défense a procédé avec succès à un tir d'essai du missile balistique stratégique M51 à partir du centre des Landes de la direction générale de l'armement.

 

Il en aura fallu du temps pour que le ministère de la Défense tente un nouveau tir d'essai du missile balistique stratégique M51 après l'échec du 5 mai 2013 à partir du sous-marin nucléaire lanceur d'engin (SNLE) "Le Vigilant". Plus de deux ans et quatre mois...alors que Airbus Defence and Space (Airbus DS) avait prévu un retour en vol du M51 début 2015, voire fin 2014. Mais le résultat est à la hauteur des attentes et des espoirs de la direction générale de l'armement (DGA) et du maître d'oeuvre industriel Airbus DS, sur lesquels pesait une grosse pression.

 

Un essai réussi

"Cet essai s'est déroulé comme prévu", a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué publié ce mercredi. Quand et où ce tir d'essai a-t-il été effectué? Ce mercredi à 10h28 depuis le centre de la DGA Essais de missiles, sur le site de Biscarrosse (Landes). Un essai en vol qui a été effectué sans charge nucléaire. C'est le 7ème tir d'essai du M51 depuis novembre 2006, dont quatre à partir du centre d'essais des Landes.

Le missile a été suivi tout au long de sa phase de vol par les moyens du centre d'essais de la DGA, dont le bâtiment d'essais et de mesures Monge (BEM). "La zone de retombées se situe en Atlantique Nord à plusieurs centaines de kilomètres de toute côte", a précisé le communiqué. Le missile M51 équipe aujourd'hui deux des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle génération (SNLE-NG). Le passage de l'ensemble de la force océanique stratégique à cet armement est prévu d'ici à la fin de la décennie.

 

Un échec en mai 2013

Ce nouveau tir d'essai  entre dans le cadre du développement de la nouvelle version du missile M51 inscrit dans les objectifs de la loi de programmation militaire 2014-2019. Il efface en partie seulement l'échec du dernier essai d'un M51, qui s'était auto-détruit au large du Finistère après son décollage du Vigilant. Un nouveau tir d'essai à partir d'un sous-marin effacera complètement le traumatisant échec de mai 2013. Ce tir avait pour objectif de qualifier le couple formé par le M51 et Le Vigilant, qui avait repris ses patrouilles opérationnelles dès l'été 2013.

Ce missile a connu "un fonctionnement erratique dès son lancement avant de se mettre en auto-sûreté et de se détruire après une trentaine de secondes de vol", a précisé le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon, lors d'une audition à l'Assemblée nationale en mai 2014.

Quelles sont les causes de cet échec? Laurent Collet-Billon avait pointé des insuffisances graves dans la maîtrise de la qualité des industriels de la filière missile balistique, notamment Airbus DS, pour expliquer l'échec de l'essai du M5. L'enquête a "mis en évidence des lacunes dans les plans qualité des industriels. Nous y remédierons, même si un nouveau dispositif est difficile à mettre en place compte tenu de la faible cadence de production des missiles", avait-il expliqué en mai 2014. D'où la remise en vol très longue du M51.

"La réappropriation des capacités d'ingénierie des systèmes complexes est en effet l'une des préoccupations de la DGA", avait souligné Laurent Collet-Billon. Après l'échec du sixième tir expérimental du missile M51, la DGA a demandé "aux services concernés d'Airbus Defence & Space des efforts accrus tant en matière d'ingénierie qu'en maîtrise de la qualité et de leurs sous-traitants. Ces faiblesses, que nos propres services « qualité » ont constatées, doivent impérativement être corrigées".

 

Une filière sous tension

La filière industrielle de la dissuasion comprend plus de 450 industriels français, dont 140 fournisseurs directs d'Airbus DS et 40 maîtres d'œuvre de sous-systèmes, dont 25 % d'entre eux sont des PME ou TPE. L'ancien patron des activités missiles balistiques au sein d'Airbus DS, Alain Charmeau, avait rappelé que le groupe "Airbus adapte fortement son outil industriel pour accompagner la baisse des crédits de développement tout en préservant au mieux les compétences clés". Mais d'avouer que "le seuil critique du maintien des compétences est aujourd'hui atteint". Ce qui a pu expliquer un tel échec.

"S'agissant de la maîtrise de l'ingénierie système, je me rends compte que, DGA exceptée, peu nombreux sont ceux qui maîtrisent la technique du missile balistique. Ce n'est pas sans poser problème, avait alors expliqué Alain Charmeau. Les enquêteurs chevronnés qui ont analysé les causes de l'échec du tir d'essai de mai 2013 appellent à des efforts, à la fois dans le management et dans l'attention portée aux outils d'ingénierie système".

Le coût de ce programme s'élève dans sa globalité à plus de 11 milliards d'euros, développement compris, selon le ministère de la Défense. Soit trois lots de 16 missiles M51, qui équipent les quatre SNLE tricolores auxquels il faut rajouter quelques missiles supplémentaires.

 

Un programme stratégique

L'enjeu stratégique du M51, lancé en 1992 et piloté par la division d'Airbus Group, Airbus DS, a été confirmé par le nouveau Livre blanc de la Défense et de la sécurité nationale. Ce document publié en mai 2013 a renouvelé la doctrine de la France en matière de défense. Toutefois, le président François Hollande avait demandé aux auteurs du Livre blanc de sanctuariser la dissuasion nucléaire (aéroportée et maritime). D'où la nécessité pour la France de disposer d'équipements modernes. Résultat de cette ambition, le M51est un bijou de technologies militaires et présente des "différences significatives par rapport à son prédécesseur", assure Airbus DS sur son site internet.

 

Tir d'essai réussi pour le missile M51 - 30 sept 2015 -  photo DGA Essais de missiles

Tir d'essai réussi pour le missile M51 - 30 sept 2015 - photo DGA Essais de missiles

Il mesure 12 mètres de haut et pèse 50 tonnes sur la balance, soit 15 tonnes de plus que son prédécesseur, le M45. Il est capable de se projeter sur un rayon de 8.000 km contre 6.000 km auparavant, et ce, à la vitesse de Mach 15, soit plus de 18.000 km/h. Enfin, le M51 peut transporter jusqu'à 10 têtes nucléaires contre 6 pour la génération précédente. Le M51 dispose d'une capacité d'emport supérieure et adaptable, d'une meilleure portée, et bénéficiera d'une plus grande aptitude à pénétrer les défenses adverses grâce à la furtivité des têtes et aux nouvelles aides à la pénétration associées. Le M51.2, une version modernisée du M51 opérationnelle à partir de 2015, emportera la tête nucléaire TNO (tête nucléaire océanique au lieu des têtes nucléaires TN75 actuelles). Son niveau de sûreté nucléaire est accru.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : RP Defense
  • : Web review defence industry - Revue du web industrie de défense - company information - news in France, Europe and elsewhere ...
  • Contact

Recherche

Articles Récents

Categories