02.11.2015 Par David Revault d'Allonnes LE MONDE
C’est une note que le président reçoit chaque semaine sur son bureau, en général le vendredi. Rédigée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), elle est d’abord adressée aux directeurs des cabinets de l’Elysée, de Matignon, de l’intérieur et de la défense. L’équipe de François Hollande lui en transmet ensuite un résumé détaillé, lequel leur revient quelques heures plus tard, en général modérément annoté. Si des remarques y figurent, elles sont le plus souvent laconiques : « Faire attention »,« Surveiller » ou, « Intéressant ». Voire, quand est évoquée une menace sur un individu : « Bien s’assurer de sa sécurité. » (…)
Chaque semaine, le président consulte donc avec intérêt l’inquiétant tableau brossé par la DGSI sur les départs de Français en Syrie. Il peut y lire la liste exhaustive des noms de ressortissants français présumés décédés dans le pays, laquelle s’allonge inexorablement, jusqu’à atteindre 132 en septembre 2015. Il y suit la progression exponentielle du nombre d’individus formellement identifiés, soit 1 738, pour leur implication dans le djihad syrien, en hausse de 48 % depuis le début de 2015. (…)
À quel point fallait-il, dans ce contexte anxiogène, communiquer sur les résultats des services, susceptibles de rassurer l’opinion quant à leur efficacité, mais tout autant de l’alarmer au vu de la gravité des dossiers traités ? (…) Dans un premier temps, la place Beauvau et le gouvernement décident de communiquer sur le chiffre global des départs en Syrie. Après les attentats de janvier, ils vont plus largement rendre publics, non seulement les tentatives d’attentat, mais également les attaques déjouées et les démantèlements d’équipes terroristes. (…)
De bonne guerre médiatique, les services ouvrent donc leurs dossiers à l’opinion. « Beaucoup plus que le GIA des années 1990, les extrémistes palestiniens ou iraniens, les djihadistes d’aujourd’hui utilisent la communication comme une arme, insiste-t-on place Beauvau. Ils font ça pour faire peur. Et notre réponse, c’est qu’on n’a pas peur. La guerre contre le terrorisme est aussi une guerre de communication. » Hollande assume : « Ne pas communiquer, c’est ne pas saluer le travail du renseignement. C’est un doute qu’on ne peut laisser transpirer. Si on pense que notre système de renseignement n’est pas efficace, c’est grave. Et s’il est efficace, il faut le montrer. »
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