12.05.2015 Lepoint.fr
L'ancien patron d'EDF Henri Proglio a annoncé mardi dans un entretien au Monde qu'il renonçait à la présidence de Thales, dénonçant une "campagne" de Bercy contre lui et ajoutant en avoir "assez du soupçon" et "de l'humiliation".
"Il faut arrêter de me prendre pour un guignol, un espion, un goinfre, un traître...", a déclaré Henri Proglio dans cet entretien publié à la veille d'une assemblée générale du groupe d'électronique et de défense, dont l'État est l'un des principaux actionnaires, qui devait approuver sa nomination comme président non exécutif. Henri Proglio, ancien PDG de Veolia et d'EDF, a annoncé cette décision alors que Bercy juge que ses relations avec des acteurs russes de la filière nucléaire sont de nature à créer des conflits d'intérêts.
Ce qu'a réaffirmé Emmanuel Macron mardi matin, en déclarant qu'il n'y avait pas de campagne contre Proglio. "Il était normal que nous demandions à Henri Proglio de choisir entre des fonctions éminentes de dirigeant même non exécutif à la tête de Thales et des engagements réels, rémunérés auprès de grands acteurs du secteur militaire et civil, en particulier nucléaire, russe. Cela ne nous paraissait pas compatible. C'est un problème d'éthique et de conflit d'intérêts", a-t-il dit, assurant : "Je n'ai pas alimenté de campagne, j'ai du respect pour l'homme, pour le dirigeant qu'il a été à la tête de Veolia et d'EDF."
Assemblée générale
Henri Proglio exerce des activités de conseil auprès de Rosatom, l'agence fédérale russe de l'énergie atomique. Il est également membre du conseil d'administration d'Akkuyu Nuclear JSC et de Fennovoima Ltd, deux entreprises dont Rosatom est le principal actionnaire.
Cette annonce intervient à la veille de l'assemblée générale de Thales, qui devait entériner la désignation de Henri Proglio en tant que président non exécutif de Thales. Elle signifie que l'actuel PDG de Thales, Patrice Caine, qui devait céder son poste de président du groupe à Henri Proglio et demeurer directeur général exécutif, conservera ses fonctions actuelles à la tête du groupe d'électronique de défense. Interrogé par l'AFP, Thales, groupe détenu à 26 % par l'État français et à 25 % par Dassault Aviation, s'est refusé à tout commentaire.
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