22/07/2013 de Guerric Poncet - Le Web en lignes / Le Point.fr
Gith propose un logiciel facile d'utilisation, pour chiffrer ses communications en un clic. Une révolution dans le monde imbuvable de la sécurité.
Alors que les révélations sur l'espionnage généralisé des internautes mis en oeuvre par les services secrets américains, mais aussi européens (France, Allemagne, etc.), font encore couler beaucoup d'encre, la société française Gith Security Systems est sur le point de proposer un logiciel très facile d'utilisation, pour le chiffrement des communications. Le but : permettre aux internautes "lambda" d'échanger gratuitement messages, documents et appels de manière protégée, en quelques clics au sein d'une même interface ergonomique. "Nous avons lancé le projet il y a un an, bien avant que ça devienne à la mode, et nous sommes donc parmi les premiers", explique le fondateur Benoît Girard, 32 ans, ingénieur et ancien des laboratoires de recherche du ministère de la Défense.
Si vous avez déjà essayé de chiffrer une communication, comme un courriel ou un document, vous savez à quel point c'est compliqué pour un profane. Pour un message, il faut en général installer un logiciel ou une extension, générer un jeu de clés et se procurer la clé publique du destinataire, avant de pouvoir envisager tout envoi. Pour les documents, il faut là encore installer un logiciel (différent du premier), choisir un algorithme en faisant semblant de comprendre la différence entre AES, Twofish ou encore Serpent, et enfin le stocker à un endroit où il ne sera pas accessible à tous les curieux. Le défi relevé par Gith est donc pertinent, et la version bêta publiée le 11 juillet a déjà séduit un millier d'utilisateurs.
Hébergement en France
L'installation de Gith, disponible pour Windows, Mac OS et bientôt Linux, prend quelques instants. L'utilisateur doit créer un profil, et la seule donnée qu'il est obligé de fournir est son nom d'utilisateur qui peut être un pseudonyme. Le logiciel génère automatiquement un jeu de clés de chiffrement et ajoute le compte à l'annuaire de Gith. Deux personnes voulant communiquer doivent d'abord s'approuver comme contacts, ce qui interdit tout courrier indésirable, mais oblige à passer par l'annuaire pour se "trouver".
Une fois lancé, Gith ouvre un bureau par-dessus l'interface du système d'exploitation. On y trouve un client de messagerie, une messagerie instantanée et un système de partage de documents, à la manière de DropBox ou SkyDrive. Les fichiers envoyés sur les serveurs de Gith sont hébergés en France exclusivement, chez OVH, un acteur à la réputation très sérieuse. Chaque document dispose d'un historique de modification et de transfert, qui permet à l'utilisateur de savoir exactement quand et où son fichier a été transmis. De quoi agacer les services de police qui utilisent au quotidien les données personnelles des internautes, mais cela n'effraie pas Benoît Girard. "Les tensions avec les autorités sont inéluctables, mais si on joue le jeu des gouvernements ce n'est plus de la sécurité !" juge-t-il.
Fermé, mais prometteur
Le logiciel est gratuit avec 100 méga-octets de stockage, ce qui n'est rien en comparaison avec les giga-octets offerts par Google, Microsoft ou Yahoo. Mais "le modèle n'est pas le même, ces géants piochent dans vos données !" explique Benoît Girard. Un forfait "intensif" permettra bientôt, pour 15 euros par an, de disposer d'un espace de stockage plus décent. La jeune start-up proposera aux entreprises des services payants, afin d'interfacer leurs serveurs mail avec ceux de Gith, par exemple, permettant ainsi d'envoyer des messages à des personnes non inscrites sur l'annuaire. Car c'est l'un des défauts du logiciel : il est fermé sur lui-même et il n'est possible de communiquer qu'avec les autres membres, via les outils fournis, un peu à la manière d'un réseau social.
Le modèle économique est fondé sur les services aux professionnels, et l'entreprise va demander sa certification auprès de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Mais Benoît Girard espère en outre séduire des investisseurs. Il a notamment participé au concours de Marc Simoncini, Jacques-Antoine Granjon et Xavier Niel pour le financement de 101 entreprises. En attendant, Gith va devoir prouver que son concept est viable en recrutant un nombre conséquent d'utilisateurs, pour atteindre la masse critique qui rendra le service attractif.
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