22 novembre 2012 Par Hassan Meddah – Usine Nouvelle
Financement des principaux programmes sur les cinq prochaines années, développement double d'Ariane 5ME et d'Ariane 6..., la filière spatiale salue les décisions prise par les ministres européens du secteur spatial.
Les industriels de la filière spatiale retrouvent le sourire: ils auront du travail en quantité pour les 5 années à venir! Au terme d'une réunion de deux jours et d'intenses négociations, les ministres européens de l'Espace, se sont en effet engagés à investir 10 milliards d'euros dans les programmes spatiaux (lanceurs, programme de satellites, station orbitale internationale...) pour les prochaines années. En cette période où le moindre euros de dépense publique est compté, l'effort européen est significatif. "Le niveau de budget voté pour la période 2013-2017 et les programmes financés marquent une véritable consolidation de l’avenir du spatial européen", s'est d'ailleurs félicité Astrium, l'un des principaux maître d'œuvre industriel spatial européen, qui emploie 18 000 salariés.
Les industriels sont surtout confortés par les choix de l'agence européenne en matière de lanceurs. Partisans d'une version modernisée d'Ariane 5 (option Ariane 5ME) plutôt que d'un tout nouveau lanceur (option Ariane 6) , ils ont été partiellement entendus par l'agence européenne spatiale. Le conseil ministériel a en effet décidé de financer les études de définition détaillée d'Ariane 6 et de continuer le développement d'Ariane 5ME. "Ces activités sont financés pour les deux prochaines années. La décision quant à la continuité de deux lanceurs sera prise en 2014", précise toutefois l'agence européenne.
Pourtant, en amont du conseil ministériel, la filière spatiale craignait qu'Ariane 5 ME soit sacrifiée au profit d'Ariane 6, ce qui aurait été catastrophique pour leur activité. "(...) le passage immédiat à une nouvelle génération de lanceurs ne susciterait aucune activité industrielle significative avant 2015-2016. Il engendrerait des risques de pertes de compétence des bureaux d'études des industriels", indique même le récent rapport du parlement français sur les enjeux du secteur spatial.
Deux projets compatibles
Les industriels ont alors tout fait pour convaincre les États que les deux projets étaient compatibles, financièrement et techniquement. "Sur les 1,5 milliards d'euros nécessaires au développement d'Ariane5 ME, 700 millions seront ré-exploitables pour Ariane 6. Et sans une version intermédiaire modernisée d'Ariane, la contribution des États pourrait passer de 120 à 150 voir 200 millions d'euros par an pour équilibrer les comptes de l'activité lanceur" , nous avait confié un industriel français alors que les négociations battaient leur plein. L'argument a finalement fait mouche auprès des Etats européens.
Geneviève Fioraso, ministre de la Recherche en charge du secteur spatial, estime que la France a été "un acteur déterminant des décisions prises lors du Conseil ministériel de l'ESA". Sa contribution financière s'élèvera à plus de 2,3 milliards d'euros. De quoi conforter les 16 000 emplois directs hautement qualifiés et peu délocalisables de la filière spatiale hexagonale.