Le BPC Mistral au large de la Libye début septembre
crédits : MARINE NATIONALE
19/09/2011 MER et MARINE
Il n'y en avait jamais eu autant sur le pont ! Une très belle image, diffusée par l'Etat-major des Armées, montre le bâtiment de projection et de commandement Mistral avec pas moins de 15 hélicoptères sur le pont d'envol. La photo a été prise au large de la Libye, où le Mistral a été engagé cet été dans le cadre de l'opération Harmattan/Unified Protector. A ce titre, il embarquait un groupe aéromobile fort d'une vingtaine d'hélicoptères, engagés depuis le mois de juin contre les forces fidèles au colonel Kadhafi. L'image de l'EMA permet de bien apprécier la vaste surface offerte par le pont d'envol, qui s'étale sur 5200 m². Y sont présents deux Caracal, trois Puma/Cougar, deux Tigre et huit Gazelle de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT) et de l'armée de l'Air. A l'instar d'un porte-avions, on peut remarquer que le pont peut, sans difficulté, servir à parquer de nombreuses machines, sans pour autant interrompre les opérations aériennes, grâce à la présence de six spots d'appontage. On notera que les BPC ont été conçus pour mettre en oeuvre, sur le papier, 16 hélicoptères lourds comme les Tigre et NH90, qui peuvent tous être logés dans un vaste hangar 1800 m² relié au pont d'envol par deux ascenseurs, dont un (à l'arrière), peut accueillir simultanément plusieurs machines. Mais, en réalité, la capacité d'emport en hélicoptères est supérieure à 16 machines, comme le démontre Harmattan, surtout avec de petits appareils comme les Gazelle.
Caracal sur un BPC (© : EMA)
Gazelle et Tigre dans le hangar d'un BPC (© : EMA)
On notera que les opérations en Libye constituent le premier vrai baptême du feu pour les BPC, dont les deux premiers exemplaires, les Mistral et Tonnerre, ont été livrés en 2006 et 2007 par DCNS (le Dixmude entrera en service début 2012). Jusqu'ici, ces bâtiments conçus pour être très polyvalents avaient largement démontré leurs capacités pour les opérations de débarquement, à l'occasion de nombreux exercices, mais aussi dans le cadre de missions humanitaires ou d'évacuation de ressortissants (notamment au Liban en 2006). Cette fois, c'est la capacité à projeter depuis la mer et assurer le soutien d'une force aéromobile puissante qui, aux dires des militaires français, a été brillamment prouvée.
Un CTM embarqué par le Tonnerre (© : EMA)
CTM mis en oeuvre depuis le Tonnerre (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
EDA-R (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Longs de 199 mètres pour un déplacement de 21.500 tonnes à pleine charge, les BPC du type Mistral peuvent, en plus de leurs moyens aéronautiques, mettre en oeuvre quatre chalands de transport de matériel (CTM) ou deux catamarans de débarquement du type EDA-R. Leurs garages peuvent abriter au moins 70 véhicules, dont 13 chars lourds comme les Leclerc, alors que les logements son conçus pour héberger, sur une période assez longue, 450 hommes en plus de l'équipage (180 marins). Ces « passagers » peuvent être des soldats, mais aussi des membres d'un état-major embarqué. En effet, les BPC, comme c'est le cas actuellement au large de la Libye, peuvent être gréés en navires amiraux. Dotés de puissants moyens de communications et disposant d'un vaste PC de 800 m² reconfigurable pouvant accueillir 150 opérateurs, ces navires peuvent parfaitement coordonner une opération interarmées et multinationale de grande envergure. Différentes manoeuvres, notamment dans le cadre de l'OTAN, ont permis de qualifier cette capacité très précieuse. Enfin, les BPC peuvent servir d'hôpitaux flottants grâce à un espace médical de 750 m² doté de deux blocs opératoires et 69 lits d'hospitalisation. En cas de besoin, cet hôpital peut être agrandi en récupérant de la place dans le hangar, situé à proximité. Dans le cas d'opérations humanitaires, notamment suite à une catastrophe naturelle ayant endommagé les infrastructures portuaires, cette capacité est très utile, d'autant qu'elle est renforcée, en matière d'acheminement et d'évacuation des blessés, par les moyens aéronautiques et amphibies dont disposent les navires.
Pour mémoire, la France doit se doter, à la fin de la décennie, d'un quatrième bâtiment de ce type. La Russie a également retenu le concept du BPC. Deux unités, adaptées aux besoins russes, seront livrées en 2014 et 2015, deux bâtiments supplémentaires étant prévus.
Les BPC Mistral et Tonnerre (© : MARINE NATIONALE)
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