29/03 par Jacques HUBERT-RODIER, Editorialiste diplomatique - Les Echos
Près de soixante-dix ans après la capitulation de Berlin, l'Allemagne n'a toujours pas résolu son problème avec la guerre, comme vient encore de le démontrer l'immense intérêt des télé-spectateurs allemands pour une nouvelle série « Nos mères, nos pères », écrit le « Spiegel ». Par coïncidence, cette diffusion tombe vingt ans après la décision, le 2 avril 1993, d'Helmut Köhl d'approuver la première mission internationale de la Bundeswehr afin de participer à l'application d'une zone d'exclusion aérienne en Bosnie. Depuis, l'armée allemande a accompli 11 missions approuvées par le Bundestag avec quelque 6.540 soldats. Ce retour a été largement facilité par la coalition de centre gauche SPD et Verts. « Nous nous sommes presque autodétruits », reconnaît aujourd'hui Joschka Fischer, l'ancien ministre Verts des Affaires étrangères. Mais cela a obligé des Allemands traumatisés à « mûrir et à assumer leur responsabilité politique qu'ils avaient évitée pendant la guerre froide ». Mais l'engagement en Afghanistan, où 52 soldats allemands ont perdu la vie et plus de 100 Afghans ont été tués lors d'un raid aérien ordonné par un colonel de la Bundeswehr, a vraisemblablement contribué à un nouveau changement d'attitude. Et le journal se demande si l'ancrage de l'Allemagne dans la « culture de retenue militaire » chère à l'actuel ministre des Affaires étrangères Guido Wester-welle, n'est pas aussi la preuve d'un manque de courage de la coalition de centre-droit d'Angela Merkel. En tout cas, l'Allemagne a fait preuve de grande timidité en Libye, au Mali ou encore sur la Syrie.