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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 06:54

PSDC 01

 

 

12/11/2012 Michel Cabirol – laTribune.fr

 

La France réunit ce jeudi à Paris les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de cinq pays (outre la France, Allemagne, Pologne, Italie et Espagne) dans le cadre du projet Weimar Plus. Les dossiers opérationnel, capacitaire et industriel seront à l'ordre du jour. Les cinq pays veulent relancer l'Europe de la défense par des projets concrets.

 

L'Europe de la défense est l'une des priorités de Jean-Yves Le Drian. Et le ministre de la Défense mouille son maillot pour tenter de convaincre de la pertinence de sa visions. C'est dans cet esprit qu'il co-organise avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, l'initiative spectaculaire de réunir les cinq ministres de la Défense et les cinq ministres des Affaires étrangères de la structure "Weimar Plus" (France, Allemagne, Italie, Pologne et Espagne) afin de relancer l'Europe de la défense. Les pays de "Weimar Plus" se sont accordés "sur l'objectif de relancer l'Europe de la Défense sur des projets concrets", explique-t-on de source proche du dossier à "latribune.fr". Un texte dont la nature reste encore à définir sera très certainement publié à cette occasion afin de relancer cette ambition.

 

Une intervention au Mali fin décembre ?

 

Trois volets seront à l'ordre du jour de cette réunion pour relancer l'Europe de la Défense : un volet opérationnel, un volet capacitaire et un volet industriel. "Il n'y aura pas le 15 novembre de décisions sur tel ou tel projet", précise-t-on, à l'exception du volet opérationnel où les cinq pays pourraient s'engager sur une mission européenne d'entraînement des forces africaines au Mali, qui pourrait mobiliser 200 militaires. Mais au-delà du Mali, les cinq pays vont réfléchir sur comment l'Europe dans son environnement actuel peut-elle coopérer plus étroitement sur le plan opérationnel. Cela vaut aussi bien sur la lutte contre la piraterie que sur de futurs conflits.

 

Le ministre de la Défense s'est personnellement impliqué dans le dossier du Mali. Il s'est le 27 septembre à la réunion des ministres de la défense de l'Union européenne, pour demander l'organisation d'un dispositif de soutien européen, "dans lequel la France jouerait un rôle majeur pour des raisons tenant à l'histoire comme à son positionnement actuel". Cette proposition avait été retenue. Pour des raisons climatiques, les opérations doivent se dérouler "avant le début du mois de janvier prochain, sous peine d'être repoussées à l'automne suivant, ce qui laisserait toute latitude aux groupes fondamentalistes pour descendre plus bas encore. Le calendrier est donc serré", avait expliqué début octobre le ministre de la Défense.

 

Pourquoi "Weimar plus" ?

 

Le format  "Weimar Plus" est "un bon moyen d'afficher une masse critique susceptible de rallier sur la question de la relance de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) d'autres nations européennes, comme la Suède ou la Finlande", estime le directeur chargé des affaires stratégiques (DAS) du ministère de la défense, Michel Miraillet. Et de préciser que ces "deux derniers pays, comme l'Italie, sont aujourd'hui des promoteurs fervents de la relance européenne même s'il ne faut pas se faire d'illusion sur les moyens que tous ces partenaires peuvent aujourd'hui consacrer à un tel projet".

 

En outre, "Weimar plus" pourrait permettre, selon le patron de la DAS, "d'agréger d'autres nations comme la Finlande et la Suède qui est fondamentalement intéressée au développement des opérations européennes. L'objectif est de créer une masse centrale. Même si, je le répète, nous ne nourrissons pas de faux espoirs sur la volonté de certains de nos partenaires". Au sein du cabinet du ministère de la Défense, on considère que "Weimar Plus" est le "bon outil pour animer" l'idée de l'Europe de la Défense. "J'entends de plus animer les deux cadres de collaborations - Lancaster House et Weimar - de concert, car ils ne sont pas contradictoires à mes yeux. La France est le seul pays à être engagé dans les deux processus", avait d'ailleurs expliqué, début juillet, Jean-Yves Le Drian.

 

Et les Britanniques ?

 

Paris ne veut pas mettre hors jeu les Britanniques. En dépit de leurs "réticences bien connues", à l'idée de l'Europe de la défense, la France a "une politique de transparence" à leur égard, explique Michel Miraillet. Ainsi Londres s'est récemment opposé à Paris, Berlin et Varsovie sur le dossier du quartier général opérationnel (OHQ), qui pourrait être un jour un centre de planification et de commandement militaire pour les opérations de l'Union européenne (UE). ET pourtant "les Américains y seraient favorables », rappelait de son côté Jean-Yves Le Drian.

 

Pour autant, Londres semble plus à l'aide dans les relations bilatérales, notamment avec la France. La Grande-Bretagne "ne s'est pas opposée à ma proposition d'étendre la collaboration dans le domaine des forces conventionnelles à trois, voire à quatre partenaires dans certains domaines", avait rappelé Jean-Yves Le Drian en juillet dernier. "Nous devons être pragmatiques, du fait que, depuis de nombreuses années, notre relation avec les Britanniques repose sur la solidarité dans le combat, ce qui crée des liens, de la fidélité et de la compréhension dans les échanges. C'est toutefois resté insuffisant jusqu'à présent pour passer à la mutualisation des objectifs capacitaires bien identifiés à Lancaster House", avait pourtant souligné le ministre de la Défense.

 

Une Europe de la Défense ?

 

Outre les Allemands, "les Italiens eux aussi sont demandeurs d'une coopération plus approfondie, d'autant que leur industrie de défense est loin d'être négligeable, sans oublier les Polonais et les Espagnols", avait fait valoir en juillet le ministre, qui expliquait que "notre pragmatisme doit avoir un objectif : construire l'Europe de la défense. Les Allemands et les Italiens viennent de faire des déclarations en ce sens". Selon Michel Miraillet, "les initiatives trouvent également une illustration dans le domaine des capacités. J'en veux pour exemple le lancement avec les Allemands et les Néerlandais d'une initiative portant sur l'acquisition et l'emploi de ravitailleurs". A ce titre, Jean-Yves Le Drian a estimé que "la question des ravitailleurs (en France, ndlr) pourrait être traitée dans le cadre d'une mutualisation européenne". Au-delà, les cinq pays de "Weimar Plus" vont évoquer jeudi sur le principe d'un "socle industriel européen" avec l'objectif qu'il soit "pérenne et compétitif", explique-t-on à "latribune".

 

"La question de l'Europe de la défense se pose avec d'autant plus d'acuité que le contexte est difficile pour tous les pays", a souligné en octobre devant les députés de la commission de la défense Jean-Yves Le Drian pour défendre son budget. Et de souligner qu'aujourd'hui, "avec nos amis européens, nous avons l'obligation d'être ambitieux et imaginatifs. La mutualisation est plus que jamais l'une des pistes pouvant nous permettre de résoudre l'impossible équation entre la situation géostratégique et la situation budgétaire".

 

Un déclassement de l'Europe ?

 

Pour Jean-Yves Le Drian, l'Europe de la défense est un moyen de lutter contre "un risque de déclassement stratégique global" du Vieux Continent. "Notre pays doit peser de tout son poids pour relancer l'Europe de la défense. Je m'y emploie mais je ne vous cacherai pas que c'est difficile du fait que, contrairement à moi, mes homologues ne voient pas dans cette perspective de déclassement stratégique de l'Europe un enjeu majeur", regrettait-il. Pour lui, "les contraintes budgétaires représentent peut-être une chance pour l'Europe de la défense car il faut éviter que l'Europe ne connaisse un déclassement stratégique. Telle est notre responsabilité commune. La France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et que puissance européenne importante, doit porter cette volonté".

 

Pour autant, l'Europe qui désarme alors que dans un même temps la Chine montre toute sa puissance en Mer de Chine, est-elle à même d'être le bon vecteur pour la protection des Européens. Car "des pays aussi importants que l'Espagne et le Royaume-Uni ont décidé des coupes sévères, voire brutales dans leur budget de défense - il en est de même de la Belgique et des Pays-Bas. Nous n'en sommes pas là", a rappelé le ministre. Mais selon lui, "il va de soi que, dans ce contexte, on ne peut que souhaiter l'accélération de la mutualisation de nos moyens au sein d'une Europe de la défense".

 

Et la France ?

 

Contrairement à l'Europe, pas de risque de déclassement de la France, affirme Jean-Yves Le Drian. "La France garde toute sa crédibilité en matière de défense grâce à sa force de dissuasion", a-t-il précisé devant les députés. "Nous sommes au deuxième rang des pays européens, y compris en pourcentage du PIB - 1,8 % pensions comprises. C'est un demi-point au-dessus de l'Allemagne. Nous devons poursuivre le nôtre tout en favorisant le partenariat avec nos partenaires européens. C'est à cette seule condition que notre défense sera en mesure de répondre aux menaces futures. En effet nous ne pourrons pas y arriver tout seul, nos voisins non plus". A l'image de la mutualisation des avions ravitailleurs...

 

Pour autant, le chef d'Etat-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, estimait que la France était en train de baisser les bras. "L'effort de défense était, aux normes OTAN - c'est-à-dire hors pensions et hors gendarmerie -, de 2 % du PIB en 1997, avant de se stabiliser ces dix dernières années entre 1,6 % et 1,7 %. En 2012, il est de 1,55 %. À l'horizon de 2015, il dépassera à peine 1,3 %. Compte tenu de la situation des finances publiques, le modèle en vigueur n'est plus soutenable. Nous devrons donc penser autrement".

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