19.03.2013 Yann Rousseau, Correspondant à Tokyo Les Echos
Alors que les tensions restent fortes entre la Chine et le Japon, Tokyo reproche à DCNS d'avoir vendu des équipements sensibles à Pékin.
Après avoir découvert, fin 2012, que DCNS (la Direction des Constructions Navales Systèmes) avait vendu des équipements aux garde-côtes chinois, le gouvernement japonais a interpellé les autorités françaises et fait publiquement, hier, part de son « inquiétude » à l'encontre de ces livraisons qui interviennent alors que Pékin revendique de plus en plus bruyamment des îlots de la mer de Chine orientale contrôlés par Tokyo.
Le contrat contesté a été annoncé en octobre dernier. DCNS avait alors dévoilé qu'elle allait vendre 2 nouvelles grilles d'appontage pour hélicoptères à la China Marine Surveillance (CMS), une organisation paramilitaire chargée de surveiller l'application de la loi dans les eaux chinoises et de conduire des études environnementales.
Une affaire sensible
Fabriquées par le site DCNS d'Indret, près de Nantes, ces grilles, constituées d'un acier hautement résistant, vont être installées cette année sur les ponts d'atterrissage des patrouilleurs chinois et doivent permettre un appontage ou un décollage en sécurité, même par gros temps, des hélicoptères de surveillance des garde-côtes. A leur approche, les appareils peuvent accrocher, sans assistance, à la grille de petits harpons qui les maintiennent fermement en équilibre sur les navires. Pour Tokyo, ces équipements pourraient grandement renforcer les capacités de la marine de surveillance chinoise qui multiplie actuellement les provocations dans les eaux proches des îles Senkaku. Des navires chinois pénètrent ainsi régulièrement dans les eaux territoriales nippones. « C'est justement parce que cette période est tendue que nous sommes préoccupés par la vente française », confie un cadre du ministère des Affaires étrangères japonais. La presse nippone expliquait, hier, que l'affaire apparaissait particulièrement sensible au moment où les deux pays préparent la venue à Tokyo, en mai ou juin prochain, de François Hollande.
En réponse, la France a indiqué que DCNS n'avait enfreint, avec ce contrat, aucune des règles européennes, qui interdisent les ventes d'armes à la Chine, et elle a rappelé que ces grilles devaient équiper des bateaux civils et non des navires de guerre.